Au service des malades, professionnalisme et tendresse font des miracles !

En ce 11 février, Journée Mondiale du Malade nous avons eu une pensée spéciale pour nos frères et sœurs de la Communauté et tous les volontaires de l’hôpital de Kabinda (République Démocratique du Congo), qui apportent soin et réconfort à une population fragilisée. 

S’adressant au personnel soignant le Pape François, dans sa lettre pour cette 28e Journée Mondiale du Malade, leur dit : « votre professionnalisme, animé par la charité chrétienne, sera le meilleur service rendu au vrai droit humain : le droit à la vie. Quand vous ne pouvez pas guérir, vous pouvez toujours soigner grâce à des gestes et à des procédures qui apportent soulagement et réconfort au malade. » Ayant une pensée pour les pauvres qui non pas accès aux soins, le Pape remercie aussi « les volontaires qui se mettent au service des malades, en allant souvent suppléer les carences structurelles et en reflétant, par des gestes de tendresse et de proximité, l’image du Christ bon Samaritain. »

Une kiné volontaire en RDC

Marie-Claire Provost, volontaire à l’hôpital de Kabinda, nous dépeint l’image du Christ bon Samaritain qui réconforte et soigne les blessures en se chargeant des personnes malades et pauvres. 
Voici son témoignage :

Début 2013, le Dr Jean-Claude Michel, Directeur d’Alliances Internationales* me téléphone pour me proposer de partir en mission dans un hôpital de brousse à Kabinda en RDC.  Cette mission a pour but d’y lancer un service de kinésithérapie et de former des infirmiers. C’est ainsi que le 3 juillet, je suis partie un mois à Kabinda avec le Dr Jacques Thiery orthopédiste. Ce fut ma première mission… Là-bas, les premiers jours ce fut le « choc »… un hôpital sans eau courante ni électricité, une pauvreté incommensurable, une hygiène déplorable, des pathologies inconnues dans mon pays belge, une nourriture des plus simples… Je n’avais jamais vu ni rencontré autant de misères, de souffrances… serais-je capable de vivre « avec » ?  N’ai-je pas été inconsciente de mes capacités ? Le soir, de retour dans ma case, lorsque je me retrouvais toute seule, souvent mes larmes coulaient… c’étaient des larmes de tristesse, de doute, parfois de révolte… C’étaient aussi des larmes d’émotions, j’étais touchée par les patients qui m’offraient des regards pleins d’affection, d’abandon, de gratitude et aussi de rage de vivre…

Ces patients m’ont invitée, petit à petit, à rendre grâce, à m’abandonner à ce Dieu d’Amour que je découvrais tout à coup si vivant dans le regard de ces si démunis.  Depuis toutes ces années vécues là-bas, tous ces enfants et adultes sont encore là bien présents dans mon cœur car ils m’ont fait « grandir » et je ne saurai jamais assez leur dire merci !

Je pense, par exemple :

  • A cette jeune fille de 14 ans : on la disait ensorcelée parce qu’elle avait un septième doigt à chaque main. Le Dr Thiery l’a opérée et ses mains sont redevenues normales. Je revois avec émotion son visage lorsqu’elle a pu commencer à bouger ses doigts, elle qui était éteinte, apeurée était tout à coup fière et si heureuse !!

 

  • A cette jeune fille, Enurite d’environ 18 ans qui était arrivée la nuit, elle souffrait énormément, ses jambes et bras étaient fracturés. Le Dr Thiery n’a pas eu le temps de la soigner car la nuit suivante elle avait disparu… Sa famille l’avait reprise en cachette pour la faire soigner par un sorcier. Elle est certainement décédée dans des souffrances atroces… L’heure suivante, je découvrais mon petit bonhomme de 5 ans qui, souffrant d’un gros traumatisme crânien, était paralysé et ne souriait plus, ne parlait plus… Ce jour-là il a su lever son bras pour la première fois et tout fier il m’a souri si longtemps que j’ai pu le photographier… quel bonheur !

 

  • Ce jeune Paulin de 20 ans qui avait fait une chute de 14 m d’un palmier : il était paralysé… il ne comprenait pas pourquoi il ne bougeait plus, pourquoi il ne savait plus contrôler ses urines, pourquoi…?? Et il voulait tout savoir. Je lui ai expliqué tout doucement la réalité en employant des mots précis mais doux… j’avais sa main dans la mienne, dans son regard je voyais qu’il comprenait péniblement et petit à petit … nous sommes restés longtemps ensemble sans mot… Pendant un mois, chaque jour nous l’avons soigné, stimulé.  L’avant-dernier jour de mission, il bougeait enfin un orteil… Quelle victoire ! Ses yeux scintillaient, l’espoir était à l’horizon !

Des miracles pour les tout-petits

Et il y a aussi tous ces 18 enfants de moins de 4 ans que nous avons soignés l’année passée où des petits miracles se sont faits jour…

  • Par exemple, le petit Louis de 3 ans et demi qui est arrivé dans un état lamentable de malnutrition. Dr Françoise, médecin en pédiatrie, l’a sauvé. Lorsqu’elle me l’a mis dans les bras, je l’entends encore dire : « je ne sais pas ce que vous allez faire avec lui car il n’a jamais marché et il est tout mou… » Il était tout petit, malnutri. En équipe nous nous sommes mobilisés, nous y avons cru et lui surtout !  De jour en jour il s’est éveillé de plus en plus… un jour, pour attraper un papier que sa maman lui tendait, il s’est avancé à 4 pattes. Puis, grâce au gros ballon, petit à petit il s’est mis debout et au bout de 20 jours il a fait ses premiers pas… tous les patients dans la salle de kiné et dans la salle d’attente criaient de joie et acclamaient, nous étions si heureux…!

 

  • Il y a eu aussi Rachelle, 12 ans. Depuis 5 ans elle était couchée à même le sol, paralysée suite à une méningite. Comme elle avait fait des convulsions on la disait ensorcelée et donc elle restait isolée dans une case… Sa maman, ayant entendu l’appel à la radio disant que le service de kinésithérapie était ouvert, l’avait prise sur le dos et avait parcouru 60 km à pied pour nous l’apporter. Elle ne savait même plus se rouler par terre, ne parlait plus ne souriait plus. Pendant un mois nous avons pris le relais pour la soigner en y mettant tout notre cœur et notre imagination pour la stimuler.  Au bout du mois, elle a pu enfin se tenir assise … et même les derniers jours se dandiner sur le gros ballon en souriant : quel cadeau !

 

  • Il y a eu aussi Solange 10 ans qui est arrivée mourante : perforation intestinale avec infection sévère. Elle a été opérée plusieurs fois, elle a failli mourir plusieurs fois… Lorsque nous l’avons eue en rééducation, elle ne savait même plus tenir sa tête ni s’asseoir… Ce fut une longue patience, bourrée de doutes et de peurs de la perdre. Elle faisait doucement des progrès, reprenait goût à la vie, aux sourires et au « chocolat »…! Après un mois elle savait à présent se tenir assise. Elle n’était pas encore assez « costaude » sur ses jambes pour se tenir debout mais elle nous offrait de beaux dessins.

 

  • Un jour, tôt le matin il pleuvait, j’arrive près du service de kinésithérapie et je vois une forme humaine recroquevillée, toute mouillée et couchée devant la porte à même le sol. Je soulève le pagne délicatement et découvre une maman en pleurs avec un petit enfant dans ses bras. Elle avait passé la nuit dehors à pleurer son bébé mort la veille…

Courage, ténacité, générosité et abnégation au service des plus souffrants

Oui tout cela est notre quotidien à chacun, infirmiers et médecins… Mais il y a surtout les frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes qui œuvrent à Kabinda depuis près de 40 ans avec un courage et une abnégation sans bornes… De plus, ils s’investissent dans plusieurs projets notamment pour nourrir les indigents et même les prisonniers de Kabinda. C’est ainsi que ces deux dernières années j’ai pu accompagner Papa Dominique et sa famille qui avaient préparé la nourriture pour les 82 prisonniers.  Les prisonniers sont entassés dans une pièce à même le sol et nourris une fois par semaine !!!  C’est affreux, inimaginable, impensable… 7 tuberculeux vivent avec les autres.

Il y a à présent 7 années déjà que je fais ces séjours comme volontaire… et le service de kinésithérapie devient à présent autonome grâce à la présence et la ténacité de Sr Marie de la Croix, médecin chef de l’hôpital, qui continue à y croire, et grâce aux infirmiers qui se forment et qui y travaillent avec énormément de générosité !

Propos recueillis par Jean-Claude Michel pour l’Association Alliances Internationales

*L’Association Alliances internationales est une Organisation Non-Gouvernementale fondée par la Communauté des Béatitudes en vue de soutenir ses missions en Asie et en Afrique.

EN SAVOIR PLUS SUR L’AAI

THOMAS ET SERVANE, VOLONTAIRES À KABINDA

KABINDA, LA PAROLE AUX TÉMOINS

Jean-Claude Michel

Jean-Claude Michel est diacre permanent. A la fin de ses études de médecine en 1975, il rejoint la Communauté des Béatitudes avec son épouse. Après quelques années d’exercice médical, il assume des responsabilités au sein de la Communauté. Depuis 2009, il dirige l’Association Alliances Internationales qui soutient et finance depuis la France, les œuvres caritatives et humanitaires de la Communauté.

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