Vie d’oraison : l’intériorité ! (n°14)

« Voici que le Royaume de Dieu est au-dedans de vous », nous dit Jésus (Lc 17, 21) et saint Paul : « Vous êtes le temple de Dieu » (2 Co 6, 16).

Dieu demeure en nous et il nous invite à demeurer en lui. Notre intériorité est ce lieu du cœur, ce « centre de l’âme » où il est présent. C’est aussi notre capacité à habiter ce lieu et à y revenir rapidement.

Sainte Élisabeth de la Trinité, que nous avons reçue comme sainte de l’année, sera entre autres notre guide dans ce bulletin, elle qui écrit : « Ah, je voudrais pouvoir dire à toutes les âmes quelles sources de force, de paix, et aussi de bonheur elles trouveraient si elles consentaient à vivre en cette intimité » (Lettre 302).

Dieu demeure en nous

Jésus nous dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui, et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14, 23). Saint Jean de la Croix s’émerveille de cette présence : « Grande consolation pour une âme de savoir que jamais Dieu ne la quitte. Le péché mortel lui-même ne l’éloigne pas. À combien plus forte raison fera-t-il sa demeure dans l’âme qui est en grâce. Que peux-tu désirer encore, chère âme ? Que cherches-tu au-dehors, puisque tu possèdes en toi-même tes richesses, tes plaisirs, ta jouissance, ton rassasiement et ton royaume, c’est-à-dire le Bien-Aimé auquel tu aspires et que tu poursuis de tes recherches ? Réjouis-toi, exulte en ton recueillement intérieur, dans la compagnie de celui qui est si proche de toi. »  (Cantique Spirituel B 1, 6-8)

« C’est dans ‘ce petit ciel’ qu’Il s’est fait au centre de notre âme que nous devons le chercher et surtout que nous devons demeurer »  (Le Ciel dans la foi, n°32), affirme Élisabeth.

« Pacifiez mon âme, demande-t-elle à Dieu, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, livrée à votre action créatrice. » (Notes intimes 15)

Mais pour demeurer dans ce « ciel », écoutons d’abord Jésus nous dire, comme à Zachée (cf. Lc 19, 1-8) : « Descends vite ! »

« Descends vite ! »

« ‘Hâte-toi de descendre, car il faut que je demeure aujourd’hui en ta maison’. Le Maître redit incessamment à notre âme cette parole qu’il adressait un jour à Zachée. » (Le Ciel dans la foi, n°7)

« ‘Il faut que je loge chez toi !’ C’est mon Maître qui m’exprime ce désir ! Mon Maître qui veut habiter en moi, avec le Père et son Esprit d’amour, pour que, selon l’expression du disciple bien-aimé, j’aie ‘société’ avec Eux. » (Dernière retraite, n° 43)

Or que voyons-nous, une fois que Zachée, descendu de son sycomore, a accueilli Jésus dans sa maison ? En un instant, le chef des publicains est détaché de l’amour de ses richesses et rendu capable d’un magnifique geste de partage vis-à-vis des pauvres ! Quel effort de conversion aurait obtenu un tel résultat si rapidement et dans la joie ? L’évangéliste ne nous rapporte pas que Jésus lui ait demandé de partager ses biens, mais seulement de pouvoir demeurer, aujourd’hui, chez lui !

Nous aussi pouvons espérer de cette descente en notre cœur profond où Dieu réside les conversions les plus humainement désespérées.

« L’homme ne se purifie pas de l’extérieur, mais du dedans. Non pas tant par un effort moral qu’en découvrant en son intérieur une Présence et en lui laissant libre cours », dit le père Jacques Philippe.

Demeurons en Dieu

Élisabeth écrit : « ‘Demeurez en moi’. C’est le Verbe de Dieu qui donne cet ordre, qui exprime cette volonté. Demeurez en moi, non pour quelques instants, quelques heures qui doivent passer, mais demeurez… d’une façon permanente, habituelle. Demeurez en moi, priez en moi, adorez en moi, aimez en moi, souffrez en moi, travaillez, agissez en moi » (Le Ciel dans la foi, n°9).

En cherchant à habiter notre cœur où Dieu est présent, nous tendons vers la source même de la vie, elle qui a le pouvoir de renouveler toute chose. C’est avoir nos racines en elle, en recevoir force, lumière, conseil et grâce pour notre vie intérieure et extérieure. Ainsi nous agirons de plus en plus à partir d’elle et non plus à partir de nos réactions épidermiques et de nos blessures. 

À côté du temps que nous consacrons uniquement à la prière, voici quelques attitudes qui nous aideront  à aller dans ce sens :

– nous habituer à revenir souvent et rapidement vers notre cœur où Dieu est présent ;
– privilégier une attitude d’écoute ;
– renoncer quand il le faut à nos idées et à notre volonté propre ;
– chercher à vivre le détachement en général ;
– aimer le silence et le recueillement, bien que même en dehors du silence extérieur et dans le feu de l’action, notre intériorité existe et que nous puissions vivre à partir d’elle.

Marie, notre modèle                           

Regardons Marie, vivant en présence de Dieu, « retenant tous ces événements et les méditant en son cœur ». 

« Il me semble, écrit Élisabeth, que l’attitude de la Vierge durant les mois qui s’écoulèrent entre l’Annonciation et la Nativité est le modèle des âmes intérieures, des êtres que Dieu a choisis pour vivre au-dedans, au fond de l’abîme sans fond. Dans quelle paix, dans quel recueillement Marie se rendait et se prêtait à toutes choses ! Comme celles qui étaient les plus banales étaient divinisées par elle ! Car à travers tout la Vierge restait l’adorante du don de Dieu ! Cela ne l’empêchait pas de se dépenser au-dehors lorsqu’il s’agissait d’exercer la charité ; l’Évangile nous dit que Marie parcourut en toute diligence les montagnes de Judée pour se rendre chez sa cousine Élisabeth. Jamais la vision ineffable qu’elle contemplait en elle-même ne diminua sa charité extérieure. » (Le Ciel dans la foi, n° 40)

De cette intériorité de Marie a jailli la louange puissante du Magnificat ; comme Élisabeth a perçu dans la sienne qu’elle serait à jamais « Louange de Gloire de la Sainte Trinité ». Qu’elles nous aident à habiter et à approfondir la nôtre! 

 

La citation
« Entrez dans l’intérieur de votre âme, vous Le trouverez toujours là voulant vous faire du bien. »
Sainte Élisabeth de la Trinité

 

Pour aller plus loin…

Rien que pour aujourd’hui :

Dans ma journée, je repère des moments courts où il m’est possible de revenir à la Présence de Dieu en moi : en allumant l’ordinateur, en attendant le bus ou à la caisse d’un magasin, ou encore en circulant dans ma maison… Par le Nom de Jésus ou par une invocation qui m’est familière, je « descends » dans mon cœur.

Livres

  • Œuvres complètes, Sainte Élisabeth de la Trinité, Éditions du Cerf.
  • La vie cachée en Dieu, Robert de Langeac, Éditions Médiaspaul.

 

Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
(publication éditée par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes – ©droits réservés).

Oraison

Ces articles sur la vie d'oraison sont extraits du bulletin mensuel "Il est là !" publié à l'usage des membres de la Communauté des Béatitudes et de leurs amis. Il est rédigé par un collectif de laïcs, prêtres, frères et sœurs consacrés, membres de la Communauté, avec le désir de stimuler la vie de prière, essentielle à la vocation aux Béatitudes comme à toute vie chrétienne authentique... C'est pourquoi nous sommes heureux de vous partager ces contenus simples.

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