Vie d’Oraison : La prière dans les Écritures (n°45)

La Bible est le grand livre du dialogue de Dieu avec l’homme. Dieu parle et demande à l’homme de l’écouter, mais il attend aussi sa réponse et la suscite. Il désire cet échange si vital pour sa créature. La prière est donc bien présente dans les Écritures, depuis la première parole d’Adam à son Créateur après son péché, jusqu’au cri de désir de l’Église à la fin du livre de l’Apoca-lypse : « Viens, Seigneur Jésus ! »

Dans les Psaumes

Au coeur de la Bible, nous trouvons ce recueil de « louanges » qui après avoir longuement nourri la prière d’Israël – et la nourrissant toujours – est aussi le chant de l’Église à travers les âges. Toute la multiple gamme des sentiments humains y est exprimée comme un chant de louange à Celui qui connaît le coeur de l’homme et a inspiré les auteurs sacrés.

Par les psaumes, Dieu lui-même nous donne les mots pour notre dialogue quotidien avec lui. Par les psaumes aussi, notre prière s’élargit, elle nous sort de nos préoccupations person-nelles et elle embrasse tout l’univers. Avec eux, nous exprimons le cri de détresse de nos frères alors que nous-mêmes sommes dans la joie ; et leur jubilation alors que nous sommes dans la peine.

Prière de l’Israélite pieux à travers les siècles, prière de Jésus lui-même, des Apôtres et des premiers chrétiens, les psaumes nous font entrer dans l’expression de la grande famille confiante des croyants, qui savent qu’ils peuvent tout dire et demander à Dieu.

S’ils forment le corps de notre prière liturgique, puisons aussi dans cette richesse pour notre prière personnelle : intégrons-les, vivons avec eux, appuyons-nous sur la foi solide qui s’y exprime.

Prières de toutes sortes…

Le repentir, la demande, l’intercession, la louange, l’action de grâce et l’adoration ont leur place dans la Bible.

« Pitié pour moi, Seigneur en ta bonté ! » s’écrie David après son péché, nous laissant une expression incomparable du repentir (Ps 50). Ce repentir pour le péché de leur peuple habite également la prière de Daniel (Dn 9) et de Néhémie (Ne 9), avec la demande confiante d’une intervention divine.

Les demandes adressées au Dieu de bonté abondent dans les Écritures. Ainsi le roi Salomon, qui avait déjà demandé en songe la grâce d’« un coeur qui écoute », prie longuement le Seigneur en faveur du Temple de Jérusalem fraîchement construit, et de ceux qui y viendront (1 R 8, 22-61).

La prière d’intercession a déjà été vue lors d’un précédent bulletin. Rappelons simplement ici l’intercession insistante d’Abraham, les véhémentes supplica-tions de la reine Esther et de Judith pour le salut de leur peuple.

La louange monte spontanément vers Dieu, jusqu’au coeur de la persécution et du feu… Les trois compagnons de Daniel, jetés dans la fournaise, invitent toute la création à louer avec eux le Dieu de leurs pères, son « nom de gloire et de sainteté ». Ils sont non seulement préservés de l’atteinte du feu, mais un mystérieux « quatrième homme, à l’aspect d’un fils des dieux », se joint à eux. Pensons aussi à Tobit et Sarra (Tb 3), à Mardochée (Est 4) : Dieu est d’abord loué pour lui-même, pour sa grandeur et sa justice, avant que ne lui soient exposées les pires détresses.

L’action de grâce retentit après un exaucement, une victoire, une longue attente enfin comblée. Ainsi Anne, après la naissance de Samuel. Ainsi Moïse, Myriam et le peuple d’Israël après la traversée de la Mer Rouge.

L’adoration devant la grandeur de Dieu, exprimée par l’agenouillement et la prosternation, est la prière de Moïse, alors que Dieu s’est manifesté à lui « de dos », et lui a fait connaître son nom de tendresse et de pitié.

Dans l’Apocalypse, nous voyons les vingt-quatre vieillards se prosterner à plusieurs reprises devant le Trône de Dieu et l’Agneau.

À la fin de ce livre (Ap 22, 3), « les serviteurs de Dieu l’adoreront », et par là nous comprenons que notre adoration actuelle anticipe déjà sur ce que nous vivrons dans l’éternité.

Dans l’Évangile

Écoutons les prières simples et pleines de foi exprimées par ceux qui ont approché Jésus en quête de salut.

Disons-lui avec le lépreux : « Si tu le veux, tu peux me purifier ! », avec la femme syrophénicienne : « Seigneur, viens à mon secours ! », avec Marthe et Marie : « Seigneur, celui que tu aimes est malade » et avec la folle confiance du Bon Larron : « Jésus, souviens-toi de moi dans ton Royaume ». Jésus, accueillant ces prières, trouve pour chacune une réponse unique, dépassant si souvent l’espérance de celui qui demande.
En méditant le cri de Bartimée : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » et le murmure du publicain : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! », reconnaissons au passage la « prière de Jésus », si chère à l’orthodoxie.
Enfin les expressions les plus riches de la louange et de la bénédiction, le Magnificat de Marie, le Benedictus de Zacharie, le Nunc dimittis de Syméon, reprises chaque jour dans la liturgie, sont des paroles évangéliques.

Prière de Jésus

Écoutons surtout Jésus lui-même en prière, passant la nuit avec le Père avant le choix des Apôtres, proclamant sa louange en exultant de joie sous l’action de l’Esprit Saint (Lc 10, 21), s’en remettant à lui avant la Passion et jusque sur la Croix. Quelle majesté, quelle extraordinaire relation filiale, quelle plénitude s’expriment dans sa grande prière sacerdotale (Jn 17), juste avant le combat de Gethsémani !

Disons-lui : « Seigneur, apprends-nous à prier ! », et accueillons avec gratitude sa réponse, le Notre Père. Dans cette courte prière, Jésus a rassemblé tout ce que nous pouvons demander au Père, pour sa gloire, pour nous-mêmes et pour le monde. Au long des siècles, elle a nourri les croyants, les saints et les auteurs spirituels. Pensons par exemple au beau commentaire de Thérèse d’Avila dans Le chemin de perfection.

Priez sans cesse…

Dieu accueille toujours avec amour les prières de ses enfants. Que Marie, dont le coeur a été pétri de cette prière nous guide, qu’elle nous aide à y puiser, et que notre propre prière s’en trouve renouvelée et fortifiée !

 

Extrait de saint Jean Cassien (Conférences, X, 11)
« Celui qui est vivifié par l’aliment des Écritures dont il ne cesse de se nourrir se pénètre à ce point de tous les sentiments exprimés dans les psaumes qu’il les récite désormais, non point comme ayant été composés par le prophète, mais comme s’il en était lui-même l’auteur, et comme une prière personnelle, dans les sentiments de la plus profonde componction ; au moins estime-t-il qu’ils ont été faits exprès pour lui et il connaît que ce qu’ils expriment ne s’est pas réalisé seulement autrefois dans la personne du prophète, mais trouve encore en lui tous les jours son accomplissement. »

 

La citation

« Implorer Dieu par ses propres paroles, c’est lui adresser une prière qu’il trouve aimable et filiale, c’est faire parvenir à ses oreilles la prière du Christ. »
Saint Cyprien

 

 

Pour aller plus loin…

Rien que pour aujourd’hui :

  • Quel est (ou quels sont) le(s) personnage(s) biblique(s) que j’aime tout particulièrement ?
  • Je relis lentement sa (leur) prière et lui (leur) demande de m’y faire entrer de plus en plus profondément.

Livres :

 

Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
(publication éditée par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes – ©droits réservés).

*Le Livre de Vie de la Communauté est le texte fondateur de la spiritualité de la Communauté. Vous pouvez le télécharger ici ou le commander aux Editions des Béatitudes.

Oraison

Ces articles sur la vie d'oraison sont extraits du bulletin mensuel "Il est là !" publié à l'usage des membres de la Communauté des Béatitudes et de leurs amis. Il est rédigé par un collectif de laïcs, prêtres, frères et sœurs consacrés, membres de la Communauté, avec le désir de stimuler la vie de prière, essentielle à la vocation aux Béatitudes comme à toute vie chrétienne authentique... C'est pourquoi nous sommes heureux de vous partager ces contenus simples.

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