Poisson d’avril

Si le 1er avril, le poisson d’avril représente la joie de la surprise, le vrai poisson du mois d’avril, c’est le Christ. Les chrétiens dans les premiers siècles utilisaient ce symbole comme signe de ralliement. Mais pourquoi donc cet animal sans valeur a-t-il une si grande importance en ce mois pascal ?

Le poisson dans la Bible

Deux livres préfigurent le Christ et sa Passion sous la forme du Poisson : le livre de Tobie et celui de Jonas. Il est aussi fait allusion au poisson abondant comme signe de vie abondante dans le livre d’Ezéchiel.

Le mauvais poisson est appelé Léviathan. Leviathan est un être marin qui est souvent représenté sous la forme de dragon, ou de poisson à plusieurs têtes, terrifiant et avaleur d’âmes. Dans l’Apocalypse, le serpent se transforme en dragon. Il essaye, sans succès, de s’attaquer à la femme qui enfante le Messie ainsi qu’à sa descendance. À la fin du livre, il disparaît dans un étang de feu. Reprenant le livre de la Sagesse, le dernier livre de la Bible donne un nom à cette force bestiale : « le grand dragon, l’antique serpent, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier » (Ap 12, 9). Il y a un combat entre Léviathan-Diable et Jésus-Messie.

Les chrétiens, ces bons poissons !

Les premiers chrétiens persécutés par les Romains utilisaient le poisson comme code secret pour se reconnaître entre eux. Il fleurissait aussi notamment en graffitis sur les murs de Rome avant Pâques, en guise de discrètes flèches pour indiquer aux chrétiens de passage le chemin des cryptes où aurait lieu l’office pascal. Certains bénévoles portaient le signe dans le dos pour que les initiés les suivent jusqu’au sanctuaire secret. Il est probable que ce soit l’origine du « poisson d’avril ».

Pour Clément d’Alexandrie, dans son ouvrage appelé le Pédagogue, les plus anciens symboles de distinction des chrétiens sont une colombe, un navire, une ancre, et un poisson pour Jésus-Christ, car le mot grec Ichthus contient toutes les premières lettres des noms qui lui sont donnés dans les Evangiles : I : Jésus, CH : Christ, TH : Fils de Dieu (Théos), S : Sauveur. Ce symbole est le signe de la victoire du grand Poisson sur le Léviathan (la mort), puis de tous les chrétiens baptisés dans la piscina, symbole des vivants passés par la mort !

Pâques et poisson

Le jour du Vendredi saint, c’est la mort du bon Poisson, l’Ichthus ! Mais à Pâques, ne voyons-nous pas fleurir partout des poissons en chocolat ? Dans beaucoup de pays, le plat de Pâques n’est pas l’agneau mais le poisson. Ainsi par exemple au Brésil, on déguste un plat à base de morue, héritage portugais que les brésiliens ont conservé. Dans la ville du Cap, en Afrique du Sud, on réalise le Cape malay pickled fish. Les habitants préparent une sauce avec des condiments et la versent sur des tranches de poisson cuit. C’est ainsi que nous relisons à Pâques, la multiplication des poissons et le repas de Jésus avec du poisson grillé. Ces repas aux poissons seront nombreux dans le christianisme primitif en souvenir du grand Ichthus !

Oui, Jésus-Christ, Fils de Dieu Sauveur, Toi le sauvé des eaux, Ressuscité, avale nos Léviathans intérieurs et soit notre remède, comme le fut le poisson pour Tobie ! Arrache-nous à l’eau du mal et fais-nous arriver sur la plage du Salut. Après avoir ramé souvent en notre vie, nous trouverons en Toi le repos et le repas éternel !

Photo ci-dessus : Basilique des catacombes de Domitille, Rome.

Père Benjamin Boisson

Prêtre de la Communauté des Béatitudes depuis 1999, maître en théologie et responsable de foyers pendant de longues années, le Père Benjamin Boisson est l'auteur de plusieurs livres aux Editions des Béatitudes, dont un sur l'humour de Dieu. Il propose régulièrement des sessions Rire et Prière. Il vit actuellement sur notre foyer de Nouan-le-Fuzelier.

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