La vie d’Oraison : L’oraison, un acte d’espérance (n°16)

Prier est un acte d’espérance : si nous nous mettons en prière, c’est parce que nous comptons sur Dieu, nous attendons de lui tout ce qui nous est nécessaire.

Cette attitude d’espérance a une importance toute particulière parce qu’il n’existe pas de vie d’oraison sans une certaine expérience de pauvreté, parfois très douloureuse. La prière est  une réalité paradoxale : à certains moments elle nous fait ressentir  un immense bonheur, une plénitude plus grande que tout ce que le monde peut nous offrir, mais à d’autres moments, une grande pauvreté.

Pourquoi cela est-il inévitable ?

Pauvre devant Dieu…

Tout d’abord parce qu’il n’existe aucune technique qui nous permette de toujours bien prier.

C’est Dieu le Maître ; nous dépendons de lui qui, tantôt reste silencieux et caché malgré nos efforts, tantôt nous visite et nous comble sans que nous ne l’ayons mérité…

On ne peut pas « programmer » la grâce et les bénédictions divines !

Par ailleurs, la prière nous fait entrer de plus en plus profondément dans la lumière de Dieu, parfois joyeuse et consolante, mais parfois douloureuse et humiliante, car elle met dans une claire lumière nos imperfections, nos péchés, nos blessures… Comme le rayon de soleil qui traverse une pièce sombre et révèle le moindre grain de poussière en suspension dans l’air, ainsi la lumière de Dieu met inexorablement en évidence notre misère…

Dans la solitude et le silence de la prière, hors de nos appuis habituels, remontent à la conscience toutes nos chutes et erreurs, notre difficulté à nous recueillir, nos remords du passé, nos peurs pour l’avenir, nos colères et amertumes, notre orgueil et notre dureté de cœur… Il est bien plus confortable de s’adonner à un travail, de surfer sur internet ou de discuter avec des amis ! Expérience de pauvreté d’autant plus dure que notre désir de sainteté est plus grand…

Ce qui nous fait fuir l’oraison silencieuse, c’est souvent la peur, car nous pressentons que, de manière inexorable, si nous nous tenons en présence de Dieu, il va s’attaquer à notre médiocrité et mettre en lumière tout ce qui est à purifier dans notre vie !

Cette expérience de pauvreté ne doit pourtant pas nous inquiéter ; elle est normale et même absolument nécessaire. Jésus a dit un jour au roi saint Louis de France :

« Tu voudrais prier comme un saint, moi je t’invite à prier comme un pauvre ! »

Il n’y a évidemment pas que la prière qui soit une expérience de pauvreté. C’est toute la vie et ses situations difficiles qui nous font parfois éprouver nos fragilités, nos blessures, nos péchés. Mais la prière intensifie la conscience de tout cela et oblige à s’y confronter sans échappatoire possible.

Pratiquer l’espérance

C’est alors que la prière doit devenir un acte d’espérance, qui peut s’exprimer ainsi : « Je me sens bien pauvre et misérable devant toi, Seigneur, bien plus que ce que je pouvais imaginer, mais ce n’est pas un problème… Je me souviens que Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades et que tu n’es pas venu appeler les justes, mais les pécheurs et je mets en toi toute mon espérance ! J’espère et j’attends tout de toi, de ta bonté et de ta miséricorde ! C’est sur toi seul que je compte, et non plus sur moi-même ! »

Ce qui nous sauve alors de la tristesse ou du découragement, c’est une double attitude : l’humilité et l’espérance. Il s’agit de consentir pleinement  à ce que nous sommes, d’accepter la révélation cruelle de nos limites et de nos fautes, mais d’en user pour apprendre à mettre en Dieu seul toute notre confiance et notre espoir, et non plus dans nos capacités et réalisations.

« Tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18, 14)

Par ces mots, l’Évangile nous invite à reconnaître et à accepter pleinement notre misère, aussi profonde et douloureuse soit-elle, et à nous jeter dans les bras de Dieu, avec une confiance aveugle dans sa miséricorde et sa puissance.

Nous devons nous accepter radicalement pauvres, et transformer cette pauvreté en un cri, une attente, une espérance invincible. Quitte parfois à espérer contre toute espérance ! (cf. Rm 4, 18) Dieu viendra alors à notre secours.

« Un pauvre a crié, le Seigneur écoute, et de toutes ses angoisses il le sauve ! » (Ps 34, 7)

« Il n’a point méprisé, ni dédaigné la pauvreté du pauvre, ni caché de lui sa face, mais, invoqué par lui, il écouta. » (Ps 22, 25)

La prière que Dieu entend, c’est celle du pauvre. « La prière du pauvre traverse les nuées. » (Si 35, 17) Il n’accueille pas celle du pharisien, satisfait de lui-même et de ses bonnes actions et qui méprise les autres, mais celle du publicain qui se tient à distance et se frappe la poitrine en disant : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !! » (Lc 18, 13)

La prière qui touche le cœur de Dieu et attire sa grâce est celle qui jaillit de la profondeur de notre misère et de notre péché.

« Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur, écoute mon appel ! » (Ps 130, 1)

La fidélité à l’oraison est une école d’humilité et d’espérance. C’est en acceptant notre pauvreté et notre nudité devant Dieu, et en attendant tout de sa miséricorde, que nous recevrons peu à peu la guérison, la purification, la consolation et la paix.

Selon les mots de sainte Thérèse de Lisieux : « Restons donc bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher, si loin que nous soyons, il nous transformera en flammes d’amour. » (Lettre 197)

 

La Citation
« Tant plus l’âme a d’espérance, tant plus elle a d’union à Dieu. Car, à l’égard de Dieu, plus l’âme espère, plus elle obtient. »
Saint Jean de la Croix

 

Pour aller plus loin…

Rien que pour aujourd’hui :

Quand je me vois particulièrement pauvre dans l’oraison ou au cours de la journée, j’en fais une occasion de poser un acte d’espérance. Je remercie Dieu pour la joie de dépendre de sa grâce.

Livres :

 

Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
(publication éditée par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes – ©droits réservés).

Oraison

Ces articles sur la vie d'oraison sont extraits du bulletin mensuel "Il est là !" publié à l'usage des membres de la Communauté des Béatitudes et de leurs amis. Il est rédigé par un collectif de laïcs, prêtres, frères et sœurs consacrés, membres de la Communauté, avec le désir de stimuler la vie de prière, essentielle à la vocation aux Béatitudes comme à toute vie chrétienne authentique... C'est pourquoi nous sommes heureux de vous partager ces contenus simples.

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