Introduction
Une demande de Dieu« Jésus dit une parabole à ses disciples pour leur montrer qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager » (Lc 18, 1-8). Le Seigneur donne en exemple une veuve importune qui réussit à fléchir un juge sans justice, pour nous exhorter à tenir bon dans la prière ! Parlant ailleurs de sa venue en gloire, Jésus recommandait : « Veillez donc et priez en tout temps afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme » (Lc 21,36).
Ici, la prière continuelle soutient l’attente du Maître qui s’est absenté, empêche de s’endormir dans la routine ou de s’appesantir dans les soucis de la vie. sollicite de nous cette relation, la plus continue possible, qu’est la prière.
Celle-ci est lumière, nourriture et vie de l’âme. Prier continuellement, c’est tenir sans cesse la main que Dieu nous tend, dans les temps d’épreuve comme dans les temps de bénédiction. C’est éprouver, dans la foi, la joie de vivre en sa présence et sous son regard. Et il fera tout pour soutenir notre effort quand nous nous y engageons et souhaitons ainsi exaucer son désir.
L’exemple de Jésus
Jésus, qui nous demande de prier sans cesse, nous en donne lui-même l’exemple. Il donne du temps à ce dialogue avec le Père, et il vit continuellement en sa présence, sous son regard. Après ses journées surchargées de prédication et de guérisons, il se retire la nuit dans la solitude pour prier le Père. Avant le choix des Douze, il passe toute la nuit à prier Dieu. Après les guérisons qui pouvaient lui attirer le plus grand succès, il se retire dans les lieux déserts et prie.
Au moment de la Transfiguration, saint Luc note qu’il est en prière, alors que l’aspect de son visage change et devient resplendissant. En descendant de cette montagne, il va délivrer un enfant épileptique que ses disciples n’ont pu guérir. Interrogé par eux sur le pourquoi de leur échec, il répond : « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière » (Mc 9,29).
Avant sa passion, nous le voyons livré à un profond et dur combat pour adhérer à la volonté du Père : c’est encore dans la prière qu’il lutte et il invite Pierre, Jacques et Jean à s’y unir. Nous ne pouvons guère imaginer l’intensité de cette prière, qui lui fait verser des gouttes de sang (cf. Lc 22,44) alors que nulle main humaine ne l’a encore touché.
Des quelques rares paroles qu’il prononcera pendant sa Passion, la plupart sont des prières adressées au Père. Sa parole de pardon vis-à-vis des bourreaux est une prière, sans doute répétée : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Des versets de psaumes – la prière de son peuple – lui sortent des lèvres : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 21,2). « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Ps 30,6).
Après la résurrection, nous ne voyons plus Jésus prier, mais promettre l’Esprit, dont Paul dira : « L’Esprit intercède en nous par des gémissements ineffables, car nous ne savons pas prier comme il faut » (Rm 8,26).
Comment ?
À la suite de Jésus, saint Paul demande à ses communautés : « Vivez dans la prière et les supplications. Priez en tout temps dans l’Esprit. Apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints » (Ep 6,18).
À travers deux mille ans de christia- nisme, nombreux sont les chemins qui ont été empruntés, décrits et transmis pour aller vers la prière continuelle. Les Pères du désert ont pris très à cœur cette question. Confrontés à leurs propres démons et à ceux de leur temps, ils recevaient dans la prière continue la force de durer dans le combat spirituel et de rester fidèles. La prière les tenait unis au Christ victorieux de toute tentation et péché.
Partant de leur lecture assidue des Écritures, ils prolongeaient leur prière pendant le travail. Ils ont compris que des formules courtes rassemblaient l’intellect et permettaient de rester plus facilement en présence de Dieu. Puis ce sera aussi la « prière de Jésus ». L’humble répétition de la demande : « Seigneur Jésus, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi, pécheur », au long des activités qui le permettent, garde l’âme en présence du Seigneur, ou même le simple nom de Jésus invoqué paisiblement. Le Pèlerin russe témoigne du bonheur qui en découle.
La prière du chapelet peut habiter en grande partie la journée, pour ceux qui en ont reçu la grâce. « Priez, priez, priez » est une recommandation instante de notre Mère du Ciel à Medjugorje. Invoquer souvent l’aide de l’Esprit, quoique nous ayons à vivre ou à faire, est une façon de le vivre. Redire au Père ou à Jésus ou à l’Esprit : « Merci ! », « Je t’aime ! », « Aide-moi ! » en est une autre. Ces courtes prières (oraisons jaculatoires) sont telles des flèches d’amour lancées vers le Ciel.
Le frère Laurent de la Résurrection, un frère convers carme du XVIIème siècle, nous a laissé un magnifique exemple et un enseignement simple sur la prière continuelle. Il s’agit de « vivre en pré- sence de Dieu, de s’accoutumer à tout faire sous son regard… par des petits entretiens qui viennent du cœur. » La prière continuelle ne consiste pas forcément à répéter des formules de prière tout au long du jour. Elle est une disposition du cœur à rester toujours relié à Dieu. Ainsi, quand un travail requiert toute notre intelligence, toutes nos facultés : offrons-le à Dieu au début, et rendons grâce pour lui à la fin. Cela sera agréable à notre Père et nous gardera en sa présence.
Conclusion
Des « rappels » en cours de journée peuvent nous aider à revenir à la prière continuelle. Pensons à la « minute de silence » observée chaque heure à l’Arche de Lanza del Vasto. Nous pouvons mettre en place nos propres rappels. L’Esprit Saint nous inspirera comment vivre cela aujourd’hui.
Demandons la grâce de réaliser combien il est important de rester relié à Dieu, de demeurer en sa présence tout au long de nos journées. Quand nous nous sommes éloignés, revenons paisiblement au souvenir de Dieu, comme vers notre véritable centre de gravité ; reprenons cet ouvrage sans nous lasser, jusqu’à ce qu’il nous devienne une évidence et une joie.
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Durer dans la prière continuelle Conférence X Saint Jean Cassien |
La citation
« Ton désir même, voilà ta prière. Et si ton désir est con- tinuel, continuelle est ta prière. » (Saint Augustin)
Pour aller plus loin…Rien que pour aujourd’hui
Lectures
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Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
Textes écrits par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes et édités aux Éditions des Béatitudes – ©droits réservés