Du 26 au 29 octobre 2017, avait lieu à la Communauté des Béatitudes de Nouan-le-Fuzelier, une session sur le Mystère d’Israël avec le Rabbin Philippe Haddad, Fr. Jean-Miguel Garrigues, o.p., P. Louis-Marie Coudray, P. Michel Remaud et Sylvaine Lacout, c.b. sur le thème « Fils d’Israël et disciples de Jésus », un chemin de dialogue et d’amitié.
Dès ses origines, la Communauté des Béatitudes a été conduite à la fois à creuser les racines juives du christianisme et à s’associer à la prière d’Israël. Le premier jour de la vie commune dans l’histoire de la Communauté fut marqué par un geste hautement symbolique pour la spiritualité communautaire : des bougies furent allumées et une bénédiction fut prononcée sur du pain et du vin. C’était un vendredi soir. Ce geste de la part du fondateur Ephraïm Croissant, alors pasteur de l’Eglise réformée, s’inscrivait, à la fois dans une découverte personnelle du judaïsme mais aussi dans la ligne de réflexion menée au sein d’un mouvement né dans le protestantisme en 1946, l’Union de prière de Charmes. De son côté, l’Eglise catholique, au cours du Concile Vatican II, publiait en 1965 la Déclaration Nostra Aetate qui dans son paragraphe 4 reconnaît que « Scrutant le mystère de l’Eglise, le saint Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham ».
La Communauté a ainsi reçu comme vocation particulière de manifester le lien intrinsèque qui unit Israël et l’Eglise, de rendre compte de la pérennité des promesses de Dieu envers son Peuple élu (Rm 9), de puiser aux racines juives de la foi chrétienne et de prier avec et pour Israël, prière qui ne peut que hâter la venue en Gloire du Seigneur.
Pour nous permettre de nous ressaisir de cet appel particulier qui repose sur la Communauté, une session sur le judaïsme a été organisée du 26 au 29 octobre 2017 à Nouan-le-Fuzelier. Cette session était ouverte aux membres de la Communauté mais aussi à toute personne intéressée par le sujet. Nombreux furent ceux qui répondirent à cette invitation, dépassant largement les capacités d’accueil de notre maison de Béthanie. Elle s’intitulait : Fils d’Israël et frères de Jésus : un chemin de dialogue et d’amitié. Avec la déclaration Nostra Aetate, puis les démarches de repentance de l’Eglise, s’est ouvert en effet un chemin de dialogue et d’amitié, voire de fraternité entre juifs et chrétiens. Depuis trois ans particulièrement, des leaders juifs de toute tendance se tournent vers l’Eglise, reconnaissant les démarches faites par cette dernière, publiant des déclarations où ils reconnaissent la place du christianisme dans l’histoire du salut…
Des enseignements, des ateliers, des liturgies ont ponctué cette session, permettant de découvrir sous différents modes ce qui nous unit à nos frères aînés.
Le premier enseignement fut donné par le Rabbin Philippe Haddad, rabbin à Paris, très impliqué dans les amitiés judéo-chrétiennes, ayant une belle connaissance du Nouveau Testament. Deux questions lui étaient posées : Qu’est-ce que le judaïsme ? Qu’auriez-vous à dire à des « cathos » ? Il a répondu à ces questions de façon très lumineuse.
Sylvaine Lacout, laïque consacrée des Béatitudes, directrice du Centre Chrétien d’Etudes Juives du Collège des Bernardins a montré qu’en tant que chrétiens nous ne sommes pas tenus à vivre les commandements relatifs au shabbat mais nous pouvons vivre de l’esprit du shabbat qui est un art de vivre fait de repos en Dieu, d’ouverture à l’autre, de respect de la création, d’accueil du salut comme une libération à recevoir et à partager, de liberté dans l’Esprit.
L’enseignement du P. Michel Remaud, spécialiste de la littérature rabbinique portait sur lecture juive et lecture chrétienne des Ecritures. Il nous a montré à travers des exemples combien nous avons à recevoir de la lecture juive des Ecritures, combien certains passages des Evangiles et de St Paul, sont éclairés par cette lecture.