Nous nous réjouissons de tout ce qui a pu être vécu dans les familles à l’occasion du confinement et des marques de retour à la vie familiale simple : recettes de cuisine retrouvées, jeux entre générations enjoués, prière familiale et liturgies domestiques réinventées, conversations et dialogues approfondis.
Pourtant, dans trop de familles, l’exiguïté des logements, les tensions familiales et conjugales exacerbées par ce climat anxiogène, les difficultés scolaires des enfants, la perte des revenus du travail ont, à l’inverse, engendré du mal-être, pour lequel il est urgent que cela cesse. Comment ne pas oublier aussi les Sans Domicile Fixe qui se sont sentis rejetés devant les portes fermées des lieux d’accueil ? Et les malades et mourants isolés dans les hôpitaux débordés ? Les morts enterrés trop vite et parfois sans famille ? Les vieillards apeurés cadenassés dans leurs chambres d’EHPAD ?
La distance qui nous est imposée par les normes ne doit jamais nous conduire à une distance du cœur !
Ne faut-il pas, plus que jamais, apprendre à nos enfants ce qu’est l’humanité au-delà des masques ? Leur apprendre que, pour prouver l’amour, il faut savoir prendre des risques et que la distance qui nous est imposée par les normes ne doit jamais nous conduire à une distance du cœur ! La Santé a été érigée en valeur absolue, au-dessus de la Liberté et de l’Amour. Mais la santé n’est pas que physique, elle est aussi sociale et spirituelle et cette dernière s’appelle le Salut.
La faim de communion fraternelle
Plus profondément, pour les chrétiens privés de messes, et d’une façon plus violente encore que pendant la Révolution elle-même, une faim peut s’avérer plus mordante que la faim eucharistique : la faim de communion fraternelle.
En cette Pentecôte, heureusement rendue à la liberté de culte, fondatrice de toutes les autres libertés, nous nous « confinerons » en Eglise pour la fête de sa fondation, sans le « gel » de nos relations ! Car confiner ce n’est pas se cloîtrer, mais se rendre aux « confins », aux frontières avec le voisin, aux limites de notre fragilité. Et dé-confiner c’est donc revenir des confins vers le centre, vers l’essentiel.
La « blessure eucharistique », comme l’appelle le Père F-M Lethel, o.c.d., se soigne avec le remède de la grâce de la communion ecclésiale, pour renforcer notre charité qui n’est pas à géométrie variable. Les pauvres nous attendent maintenant. Les âmes assoiffées sont plus nombreuses que jamais : les cœurs blessés crient vers le Père, les familles ont besoin du Fils, les enfants attendent d’être consolés par le Saint-Esprit.
Les pauvres nous attendent maintenant. Les âmes assoiffées sont plus nombreuses que jamais.