À peine mariés, Pierre et Tiphaine (à droite sur la photo) ont décidé de suivre le Seigneur en partant en mission auprès des plus pauvres. Ils ont vécu huit mois à Kabinda en République démocratique du Congo. Ils ont rejoint la Communauté des Béatitudes qui gère sur place un hôpital. Le but de ce voyage pour Pierre, chirurgien-dentiste, était de monter un cabinet dentaire sur l’hôpital. De retour en France, ils nous partagent ces lignes.
« Trois semaines après l’installation du cabinet dentaire, je m’attendais à recevoir beaucoup de patients. Plusieurs personnes avaient fait part de leur impatience à venir se faire soigner. Or pendant plus d’un mois, le rythme du cabinet s’est révélé très calme… J’ai vite compris que la communication avec les habitants de la région était compliquée et demandait du temps. J’ai fait plusieurs interventions à la radio locale pour expliquer mon travail, le prix des consultations, ce qu’apportait ce nouveau service de l’hôpital…
Une campagne de sensibilisation des malades à la prise en charge des pathologies bucco-dentaires a été mise en place.
Les consultations se faisaient dans le bâtiment dédié aux consultations externes de l’hôpital. Un infirmier a pu être formé aux gestes élémentaires de la chirurgie dentaire. Il recevait 2h de cours théoriques chaque matinée, en attendant que le générateur d’électricité soit lancé, puis m’assistait dans les soins. Après deux mois de formation, il maîtrisait mieux le vocabulaire technique et a pu apporter une aide précieuse, notamment dans le dialogue avec les patients qui ne parlent généralement pas français. Un autre infirmier ayant déjà des bases en dentisterie a pu aussi poursuivre sa formation. Ces deux infirmiers ont pu reprendre le cabinet à temps partiel après notre départ.
Tiphaine, quant à elle, travaillait à l’intendance de l’hôpital, avec une des sœurs de la Communauté des Béatitudes. Leur travail consistait dans la gestion des stocks de toute sorte de matériel (cahiers, crayons, stylos, piles, papier, savon, balais…) qu’elles distribuaient, en fonction des besoins, aux différents services de l’hôpital. C’est ici que les infirmiers et médecins viennent également s’approvisionner pour les fiches de soins, observations des malades et autres. En parallèle de cela, toutes deux étaient chargées de préparer des mélanges de lait, sucre, farine, huile… pour les repas que les cuisinières de l’hôpital préparent pour les malnutris et malades. Les enfants hospitalisés pour malnutrition aigüe sévère sont très nombreux à l’hôpital.
Pédiatres et infirmiers suivent de près leur état de santé. Et un nutritionniste est chargé de veiller à la renutrition des enfants, leur servant huit fois par jour du lait sucré en différents dosages, selon le degré de malnutrition. Lui-même assure chaque semaine une pédagogie aux parents pour mieux les nourrir et prévenir de la malnutrition. Ces petites formations sont très importantes, car la pauvreté n’est ici pas seulement matérielle… L’intendance dispose également de stocks de draps et habits que les sœurs donnent parfois aux personnes en grande pauvreté.
Je me souviens du jour, (ndlr : raconte Tiphaine) où nous avons donné trois robes à une maman pour sa petite fille de 3 ans, hospitalisée en pédiatrie pour malnutrition aigüe sévère. Les enfants malnutris sont bien souvent très tristes et difficiles à faire sourire, mais cette fois la petite riait en quittant ses haillons pleins de trous, d’urine et de terre pour enfiler sa nouvelle robe. Ça m’a bouleversée. Sa mère aussi, ne parlant pas français, laissait largement paraître sa joie en se balançant d’avant en arrière et en battant des mains pour nous remercier. C’est sans doute la scène la plus touchante que j’ai vécue à Kabinda ! J’étais très émue de voir leur regard si intense, plein de reconnaissance.
Nous voilà rentrés en France depuis quelques mois. Malgré le choc inévitable de la culture et de la pauvreté des premiers jours, nous avons vécu à fond notre mission au service des plus pauvres. De cette expérience incroyable, nous gardons, bien ancrés, tellement de souvenirs comme le dévouement incroyable des sœurs travaillant à l’hôpital, la joie de vivre des enfants et la capacité des gens à vivre l’instant présent. Un abandon total a la providence !
« Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25,40
Une expérience que nous souhaitons de vivre à beaucoup d’autres. »
Pierre et Tiphaine
Pour découvrir le foyer communautaire de Kabinda
Pour suivre toutes les informations de l’AAI, Association Alliances Internationales,
organisme par lequel sont partis Tiphaine et Pierre, ou pour soutenir notre mission à Kabinda par un don à l’AAI :