Une sœur témoigne : « Je me souviens du jour où j’ai entendu que la Communauté des Béatitudes appartenait à la Vierge. « Rien que ça », me dis-je ! Sont montées dans mon cœur joie, stupéfaction et questions. Tout s’entremêlait dans ma tête. Jésus aimait à ce point la Communauté qu’il la donnait à sa Mère ? La Communauté en était à mes yeux honorée, enrichie, embellie. Tout à coup ses racines plongeaient dans le Ciel ! La Communauté était enveloppée par Marie, comme une Mère enveloppe son enfant pour le protéger, lui dire son amour et ses secrets, en l’élevant et le serrant sur son cœur. Quel mystère et quelle grâce ! »
Une prophétie
« La Communauté appartient à la Vierge et est pour l’unité de l’Église », dit un jour Marthe Robin à Éphraïm, le fondateur de la Communauté des Béatitudes. À plusieurs reprises et à des moments-clés de l’histoire de la Communauté des Béatitudes, son fondateur reçut des « visitations mariales » qui lui ont permis, tout protestant qu’il était à l’origine, de recevoir la sève mariale de la Communauté. L’ordre du Carmel a eu, lui aussi, dès le début de son histoire en Terre sainte, la conscience d’appartenir à la sainte Vierge.
Cette parole prophétique est de l’ordre du secret de Marie de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Cette appartenance est donc un don qui se reçoit par grâce et que nous devrions assurément demander au Seigneur dans une prière fervente, comme pour le mystère d’Israël et les autres sources profondes de la spiritualité des Béatitudes. « Et ainsi se confirme pour nous la parole prophétique ; vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs. » (2 P 1,19)
Les sources de la Communauté des Béatitudes
« Notre appartenance à la Vierge Marie se nourrit de la spiritualité du Carmel et de celle de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Elle se manifestera par les différentes expressions de piété mariale. » (Directoire Général n° 20)
- À l’école du Carmel
« Carmelus totus marianus » : « le Carmel est tout entier marial ». Comme c’est beau ! Ne pourrions-nous pas affirmer également : « Beatitudines totae marianae » : « la Communauté des Béatitudes est tout entière mariale » ? Si les carmes devaient perdre leur amour pour Marie, ils renieraient leur identité… n’en est-il pas de même pour nous ? Car il s’agit bien là de notre identité.
Le bienheureux Titus Brandsma (carme martyr) écrit : « Si un carme veut être comme Marie pour vivre, dans son sillage, dans une communion plus parfaite avec Dieu, il doit réellement devenir “une autre Marie”. Il doit laisser Marie vivre en lui. Marie ne doit pas se trouver en dehors du carme ; le carme, au contraire, doit mener une vie qui ressemble si fort à celle de Marie qu’il vive avec, dans et par Marie. » (Cachés dans l’Amour – manuel de vie carmélitaine).
En effet, « appartenir à » signifie « être le bien de », « relever de », « être à ». L’appartenance évoque un lien si fort qu’il finit par colorer tout l’ensemble, une marque de famille pourrait-on dire, une identité, une imitation jusqu’à devenir familier et ressemblant.
Rappelons enfin que le scapulaire carmélitain évoque la protection de la Vierge Marie. En effet, alors que le Carmel traversait une période difficile de refonte (une nouvelle forme de vie lui étant imposée), saint Simon Stock, général de l’ordre, supplia la Vierge. Dans une vision, le 16 juillet 1251, celle-ci lui remit le scapulaire, signe particulier de la faveur de la Vierge Marie pour tous les membres du Carmel. Il s’en suivit un regain de vocations et un renouveau de l’ordre.
- À l’école de saint Louis-Marie Grignion de Montfort
Celui-ci compare la spiritualité mariale à un arbre de vie qu’il faut cultiver, entretenir, protéger, arroser. Même s’il est secoué par le vent, Marie veillera à le fortifier en jetant en ses élus les racines d’une humilité profonde.
« Celui qui persévère à cultiver l’arbre de vie, c’est-à-dire à vivre avec Marie, celui-ci n’a rien à craindre. » (Le secret de Marie, n° 77)
Par notre consécration à Marie, chaque matin nous la choisissons pour Mère et Reine, lui livrant en toute soumission et amour notre corps, notre âme, nos biens intérieurs et extérieurs. Ainsi appelons-nous sur nous sa royauté qui fait de nous des serviteurs, des enfants et des princes car « le trésor de la Mère appartient à l’enfant. » (Petite Thérèse)
À travers cette prière personnelle ou communautaire si souvent ressentie et vécue comme un acte de foi et d’abandon entre les mains de Marie, c’est vraiment toute notre vie fraternelle, notre travail et nos responsabilités, notre chemin de conversion et notre amour du prochain et de Dieu qui lui sont confiés comme à une intendante en qui nous remettons tout et par qui nous recevons tout… Rien n’est gâché, tout est à espérer.
Reine et Mère
Notons que, parmi les fêtes du sanctoral de la Communauté des Béatitudes, nous trouvons la fête de Marie Reine, le 22 août. Ainsi, non seulement nous lui appartenons, mais nous l’invoquons comme Reine de notre Communauté.
Saint Jean, au pied de la Croix, n’est-il pas une figure qui fait miroir avec la Communauté et chacun de nous ? Par volonté de Dieu, nous sommes à Marie car elle a donné son « oui » sans attendre le nôtre. Mais à l’image de Jean, entrerons-nous dans cette volonté de Jésus que nous soyons fils et filles de Marie ? Pas seulement à titre individuel, mais en tant que Communauté, n’ayant qu’une seule âme, celle qui se donne comme seuls les pauvres savent le faire, par un « oui » dans celui de Marie qui nous conduit à la prendre chez nous !
Nous reviendrons bien sûr, dans d’autres articles, sur ces différents sujets à peine effleurés…
Concluons celui-ci par une prière : « Refuge assuré, lampe qui brille au milieu des ténèbres de ce monde, “Mère de toutes les maisons et de chacun d’entre nous“ (Acte d’abandon et de consécration à Marie, Éphraïm), bénie sois-tu, Marie, notre Mère!» Prolongeons notre échange avec Marie dans un cœur à cœur, avant de l’honorer d’un « Réjouis-toi, Marie », en lui confiant nos intentions à haute voix et en lui demandant de se faire davantage connaître à nous.
La citation
« Si tu te sais chez toi in sinu Matris (dans le sein de la Mère) et que tu y demeures, lui donnant pleine liberté de faire de toi ce qu’elle veut, tu commenceras inévitablement à ressembler de plus en plus à Jésus. » Wilfrid Stinissen
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