Vie d’Oraison : Miracles du Rosaire (n°44)

La tradition populaire attribue l’origine du chapelet à saint Dominique (1170-1221), mais aujourd’hui les historiens s’accordent à dire qu’il a fait l’objet d’un développement lent et progressif dont il serait trop long de décrire ici les étapes. Retenons simplement qu’il « s’est développé progressivement au cours du deuxième millénaire sous le souffle de l’Esprit de Dieu » comme le dit saint Jean Paul II dans sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae.

Une prière toute-puissante

Le Rosaire est une prière toute-puissante pour trois raisons.

Elle est une prière à la gloire de la Sainte Trinité. D’abord par le signe de la croix qui introduit et conclut la prière, et par lequel on s’en remet à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit ; le Credo débutant le chapelet est par excellence une prière trinitaire. Ensuite, en introduction, après le Notre Père, on dit trois Ave Maria en l’honneur des trois personnes divines. Enfin chaque dizaine est conclue par le Gloire au Père.

Elle est une prière imprégnée de la Sainte Écriture : l’Ave Maria en lui-même est biblique, du moins dans sa première partie qui est composée de la salutation angélique et de la louange d’Élisabeth sous la motion de l’Esprit (cf. Lc 1). On peut dire que c’est une louange descendue du Ciel. À ce propos, la Vierge Marie déclare à sainte Mechtilde qu’on ne peut lui adresser de salut plus agréable. Celui qui salue Marie, en sera salué à son tour. Quant à la seconde partie de l’Ave Maria, elle est une invocation qui remonte au Concile d’Éphèse (430) et qui va à l’essentiel : implorer tels des enfants la miséricorde de la Mère de Dieu, pour notre vie présente et pour l’épreuve ultime de la mort, qui est notre Pâque définitive. En plus du rythme des Ave Maria qui nous introduit dans la louange et la supplication, il y a la méditation des mystères de l’Évangile qui nous fait entrer dans une véritable contemplation. C’est « un évangile en miniature » (Jean-Paul II) puisqu’il nous fait méditer avec reconnaissance tous les événements salvateurs de la vie du Christ, ce qui touche le Coeur de Dieu…

Enfin, à travers ces Ave Maria répétés, Marie nous fait entrer dans son « fiat », dans son adhésion au projet de Dieu, dans son accueil de l’Esprit qui doit renouveler la face de la terre et l’empêcher de sombrer dans le chaos. Le Rosaire est une pédagogie divine, pour que nous méditions les mystères de la vie du Christ, avec le coeur de Marie, ainsi l’Esprit nous transforme, imperceptiblement mais efficacement, jusqu’au Jour du Seigneur qui rassemblera toutes les âmes de bonne volonté dans la paix, la justice et l’amour.

Une pédagogie divine encouragée par les papes

Depuis le pape Pie IX, tous les papes jusqu’à notre pape François ont encouragé les fidèles à cette prière, faisant de nombreuses publications officielles. Saint Jean-Paul II, pour ne citer que lui, publie sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae en octobre 2002 et décrète une année du Rosaire. Ils ont tous compris que le Rosaire n’est pas une dévotion comme les autres, mais une pédagogie divine de première importance. Le pape Pie XII écrit dans Ingruentium malorum :

« Ce n’est pas avec la force, ni avec les armes, ni avec la puissance humaine, mais avec l’aide divine obtenue par la prière du Rosaire, que l’Église, forte comme David avec sa fronde, pourra affronter, intrépide, l’ennemi infernal. »

La victoire de Lépante

Un exemple emblématique est la célèbre bataille de Lépante. En 1571, les turcs musulmans tentent d’envahir l’Europe. Ils sont dans le Golf de Lépante. Nous sommes le 7 octobre, un dimanche. Le pape qui connaît l’enjeu de la bataille invite toute la chrétienté à prier le Rosaire. Contre toute logique, la coalition chrétienne inférieure en nombre cause la déroute de la flotte turque. Le pape saint Pie V l’attribua à la prière du Rosaire et en l’honneur de cette victoire, il donna à Marie le titre de « Notre-Dame des Victoires » et lui institua une fête, le 7 octobre. Son successeur, Grégoire XIII, préféra donner à la fête l’intitulé de « Notre-Dame du saint Rosaire ».

Comment le prier ?

Lentement et sans le dissocier des mystères (cf. Jean XXIII). Le danger est que cette prière devienne mécanique : « Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens » (Mt 6, 7).

Il est bon de toujours privilégier le chapelet en commun sur le chapelet individuel, parce qu’il est « plus salutaire à l’âme et plus terrible au diable » (Saint Louis-Marie Grignion de Montfort).

Il vaut mieux ne pas être perfection-niste et consentir à sa pauvreté car le démon cherche à décourager. Un jour, une personne tourmentée par ses distractions interroge un sage religieux qui lui répond, non sans une pointe d’humour : « Vous savez, les personnes qui n’ont pas de distractions dans la prière, ce sont celles qui ne prient pas… Et puis une maman qui aime son petit enfant est heureuse de le tenir dans ses bras, mais s’il lui prend de vouloir quitter ses bras pour jouer avec son camion ou sa poupée, en sera-t-elle contrariée pour autant, s’il ne s’éloigne pas de son regard maternel ? »

La porte étroite

L’adoption du chapelet quotidien est la porte étroite qu’hélas si peu daignent emprunter, car il faut baisser la tête, se faire docile et obéissant, se faire humble. L’humilité, c’est la sainteté sans laquelle nul ne peut entrer dans l’éternité de Dieu. En prenant cette arme quasi-céleste, nous mettons notre main dans celle de Marie. Elle nous soutiendra dans la grande épreuve de ce monde, et comme elle l’a dit à Fatima : « Les âmes qui embrasseront la dévotion à mon Coeur immaculé – la consécration à Marie, la dévotion au Rosaire et l’imitation de ses vertus – seront chéries de Dieu, comme des fleurs placées par moi, pour orner son trône » (Apparition du 13 juin 1917).

Conclusion

Quand on a demandé au Padre Pio peu de temps avant sa mort la parole qu’il laissait à ses fils et filles, en guise de testament, il dit : « Aimez la Vierge, faites-la aimer, priez toujours le Rosaire » et il a cette formule merveilleuse : « Le Rosaire, c’est la synthèse de notre foi, l’explosion de notre charité, et le soutien de notre espérance. »

 

La citation

« Le Rosaire est une dévo-tion toute divine, une source de grâces, un remède à mille maux, une chaîne qui unit le Ciel à la terre, un arc-en-ciel que le Seigneur, dans sa miséri-corde, a tracé dans le firmament de son Église et une ancre de salut pour tous les chrétiens. »
Sainte Thérèse d’Avila

 

 

Pour aller plus loin…

Rien que pour aujourd’hui :

  • Où en suis-je par rapport au chapelet, prié seul ou en communauté ? Ai-je besoin d’être renouvelé dans cette prière ?
  • J’invite la Vierge Marie en priant un Réjouis-toi de tout mon coeur, à chaque difficulté de ma journée, chaque travail à accomplir, chaque rencontre, chaque décision à prendre. Je me mets souvent en sa présence…

Livres :

 

Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
(publication éditée par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes – ©droits réservés).

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Ces articles sur la vie d'oraison sont extraits du bulletin mensuel "Il est là !" publié à l'usage des membres de la Communauté des Béatitudes et de leurs amis. Il est rédigé par un collectif de laïcs, prêtres, frères et sœurs consacrés, membres de la Communauté, avec le désir de stimuler la vie de prière, essentielle à la vocation aux Béatitudes comme à toute vie chrétienne authentique... C'est pourquoi nous sommes heureux de vous partager ces contenus simples.

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