Intercéder, c’est prier pour les autres ; c’est être une médiation entre la personne pour qui l’on prie et Dieu. Saint Paul recommande aux Éphésiens d’intercéder pour tous les saints et de prier pour lui (cf. Ep 6, 18-19). Nous entendons si souvent cette dernière demande…
Quelques exemples
Un merveilleux exemple d’intercession est celui d’Abraham, priant pour les justes qui pourraient encore exister à Sodome. Dans un long dialogue avec Dieu, avec une familiarité respectueuse et confiante, il marchande d’une manière répétée auprès du Très-Haut, qui accède à sa demande aussi loin qu’Abraham ose aller. Admirons l’humilité du patriarche, ne s’appuyant pas sur lui-même, mais sur la justice de Dieu qui ne saurait punir l’innocent avec le coupable (cf. Gn 18, 17-33).
Une belle image de l’intercession est celle des quatre hommes qui font descendre un paralytique devant Jésus en ouvrant le toit de la maison de Pierre (cf. Mc 2, 1-12).
Admirons leur détermination et leur audace confiante : ne pouvant passer par la porte, ils n’hésitent pas à hisser leur ami avec sa civière sur un toit. Jésus, voyant un paralysé descendre du plafond devant lui, ne pourra pas résister et « ému de compassion » agira forcément. Sans doute ont-ils déjà entendu parler aussi bien de sa compassion que de sa toute-puissance. Jésus, voyant leur foi, donne immédia-tement le meilleur au paralysé : il le réintègre dans la relation avec Dieu, source de la vie – « tes péchés sont pardonnés » – avant de lui accorder la guérison du corps.
La mère de l’enfant possédé (cf. Mt 15, 21-28) voit sa foi mise à l’épreuve par la réponse d’abord rude de Jésus… Avec une ténacité soutenue par son amour maternel, elle ne se laisse pas rebuter, elle saisit l’image même que lui a envoyée Jésus, et elle obtient de lui l’éloge de sa foi avec la guérison de sa fille.
L’intercession de Jésus et la nôtre
Souvent, nous voyons Jésus intercéder pour les siens dans l’Évangile, en particulier dans la « prière sacerdotale » : « Père, garde-les dans ton Nom (…) Que tous soient un (…) Que là où je suis, ils soient aussi avec moi (…) Pour eux, je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés dans la vérité » (cf. Jn 17).
Avant que Pierre ne le renie, déjà Jésus l’a assuré de sa prière pour que sa foi ne défaille pas, et qu’il soit capable d’affermir ses frères. Il y aussi le mystère de ses nuits de prière, dans lesquels ses frères avaient certainement une place de choix.
Sa grande intercession reste le don de lui-même sur la Croix : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Et maintenant dans la gloire, à la droite du Père, il est « toujours vivant pour intercéder en notre faveur » (He 7, 25).
Notre intercession s’appuie sur l’offrande du Fils Bien-Aimé à qui le Père ne peut rien refuser… Intercéder, c’est accueillir en soi la compassion de Jésus suppliant pour le monde, sans laquelle nous ne pourrons pas tenir longuement dans la prière. Communier au Christ, c’est communier avec lui aux souffrances des hommes. Lui-même nous encourage : « Demandez et l’on vous donnera » (Mt 7, 7). Ainsi, la grande intercession du Vendredi Saint englobe tous les besoins de l’humanité.
Nous sommes invités à nous oublier dans la prière pour aller au-devant des besoins d’autrui. Intercéder, c’est donner de son temps, de sa vie, de son sang pour les autres. Ainsi pouvons-nous venir en aide à ceux que nous ne pouvons pas rejoindre par ailleurs, aux personnes qui ne veulent pas entendre parler de Dieu. Cette charité peut s’exercer même à l’égard des défunts. Quel immense apostolat possible pour les personnes diminuées physiquement, âgées ou malades !
Nous pouvons aussi demander à nos amis du Ciel, les saints, de continuer la prière d’intercession qu’ils ont commencée sur la terre.
Foi, espérance et amour
La foi, si souvent requise par Jésus, est un moteur puissant de la prière d’intercession.
En intercédant, nous devons croire que Dieu est « Père tout-puissant », qu’il veut le bien de la personne que nous lui présentons. Croire aussi qu’il est sage : c’est lui qui sait quel est le bien véritable de cette personne. Que ses voies et ses temps ne sont pas les nôtres. Croyons que toute prière formulée par un de ses enfants est entendue par le Père du ciel. « Je savais que tu m’écoutes toujours » (Jn 11, 42), dit Jésus avant de ressusciter Lazare. Entrons peu à peu dans cette certitude. « L’homme de foi n’est pas celui qui croit que Dieu peut tout, mais qui croit pouvoir tout obtenir de Dieu ! », disait saint Jean Climaque.
« Espérant contre toute espérance », sainte Monique, par sa prière prolongée et ses larmes, a obtenu la conversion de son fils Augustin, et même un grand saint et un Père de l’Église !
Souvent nous demandons une guérison ou une amélioration physique, alors que le bien de la personne est au-delà, dans son salut, la guérison de l’âme. Parfois la personne entrera seulement dans un nouveau regard sur sa maladie ou son épreuve, et c’est un bien aussi grand qu’une guérison physique.
L’amour par lequel on « donne sa vie pour ses amis », soutiendra notre intercession. Combien de personnes ont prié et offert leur vie pour la conversion d’un être cher, dans l’offrande d’elles-mêmes, unie au sacrifice de Jésus.
Ne formulons pas non plus des prières sans être attentifs à la personne, sans agir aussi concrètement pour elle. Si c’est un malade, faisons ce qui dépend de nous pour que la personne ne se sente pas abandonnée dans son épreuve. Demandons à l’Esprit Saint de nous rendre inventifs dans la prière et l’action pour la personne concernée.
L’intercession de Marie
Elle est celle qui, en chuchotant à Jésus : « Ils n’ont pas de vin » a obtenu une merveilleuse surabondance pour la joie de tous. Elle a si souvent entendu : « Prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de la mort », et ne s’en lasse pas, mais nous prie même de le lui dire davantage !
Recourons à elle sans nous lasser, confions-lui les plus petites peines que nous percevons autour de nous comme les plus grandes difficultés de notre temps ; laissons-nous aussi conduire par elle sur les chemins de la prière et nous verrons des merveilles.
La citation
« Un seul qui prie avec ferveur, dans sa chambre, dans le secret, peut causer, par son union au Christ, le salut de milliers de personnes. » Matta El Maskîne
Pour aller plus loin…Rien que pour aujourd’hui :
Livres :
|
Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
(publication éditée par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes – ©droits réservés).
*Le Livre de Vie de la Communauté est le texte fondateur de la spiritualité de la Communauté. Vous pouvez le télécharger ici ou le commander aux Editions des Béatitudes.