Né à Dardilly dans la région lyonnaise le 8 mai 1786, saint Jean-Marie Vianney, plus connu sous le nom de Curé d’Ars, a été ordonné le 13 août 1815 à Grenoble. Il arrive à Ars en 1818 et y restera jusqu’à sa mort le 4 août 1859. Il sera canonisé le 31 mai 1925, et déclaré « saint patron de tous les curés de l’univers » par le Pape Pie XI en 1929.
Sainteté contagieuse
Lyon, dans les années 1790. Des groupes de partisans de la Révolution viennent dans les paroisses arrêter les prêtres pour leur faire signer la « convention républicaine » par laquelle ils s’engagent à leur obéir plutôt qu’à leur évêque. La plupart d’entre eux refusent de prêter serment. Certains sont conduits à la place des Terreaux pour y être guillotinés, d’autres fuiront les persécutions dans les campagnes des alentours. Ils trouveront abri dans des familles prêtes à courir des risques pour les protéger. Parmi ces familles, les parents du jeune Jean-Marie-Baptiste Vianney, qui pratiquaient une hospitalité très généreuse. L’enfant assista à une des messes clandestines célébrées par l’un de ces saints prêtres. On lui expliqua, malgré sa jeunesse, que ces serviteurs du Christ auraient préféré être tués plutôt que d’être infidèles à leurs promesses. Ce fut le premier contact du futur saint Curé d’Ars avec le mystère dont il allait vivre tout au long de son ministère sacerdotal : le martyr d’amour jusqu’au don de sa vie. Quelques années auparavant, son père, Monsieur Vianney, qui n’était pas encore marié, avait accueilli dans sa maison un mendiant d’une grande pauvreté. Celui-ci le bénit avant de le quitter. C’était le futur saint Benoît Labre, le mendiant-pèlerin. Il envoya une lettre de remerciement qui fut précieusement conservée, et transmise à Jean-Marie Vianney, qui la garda longtemps.
Bien des années plus tard, un autre saint illustre allait visiter le petit village d’Ars. Le pape Jean-Paul II, visitant la France, est venu prier le saint Curé le 6 octobre 1986. À cette occasion, il déclarait :
« Le Christ s’est bien arrêté ici, à Ars, au temps où Jean-Marie Vianney y était curé. Oui, il s’est arrêté. Il a vu les foules des hommes et des femmes du siècle dernier qui était fatigués et abattus comme des brebis sans berger (Mt 9, 36). Le Christ s’est arrêté ici comme le Bon Pasteur. Un bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu – disait Jean-Marie Vianney – c’est là le plus grand trésor que le Bon Dieu puisse accorder à une paroisse et un des plus précieux dons de la miséricorde divine ».
Le Curé d’Ars fut lui-même ce grand trésor et ce don précieux de la miséricorde divine, non seulement pour son temps et pour sa région mais pour le monde tout entier. Il vécut son sacerdoce et son chemin vers la sainteté au milieu des persécutions, des calomnies de toute sorte, des injures venues de personnes opposées à la religion. Il les supportait avec une humilité paisible.
Traits marquants et rayonnement extraordinaire
La sainteté du curé d’Ars est fondée sur la conscience surnaturelle qu’il avait reçue de deux réalités fondatrices : la grandeur de son sacerdoce et la certitude qu’il ne pouvait avec ses propres forces correspondre à la grâce divine.
Il s’est donc sanctifié d’abord par son humilité lumineuse. Par exemple, son évêque l’avait fait chanoine, et lui avait envoyé un camail, vêtement et signe de cette distinction. Le Curé ne le portait jamais, même en présence de l’évêque. On lui dit : « Vous devriez le porter. Vous êtes le seul que l’évêque ait voulu honorer. Après vous, il n’a plus nommé aucun chanoine. » Il répondit : « C’est que Monseigneur a eu la main malheureuse la première fois ; il n’a pas voulu y revenir ». Il finit par vendre le camail pour donner l’argent aux pauvres.
Son souci premier était de ramener ses paroissiens à la pratique et aux vertus, en leur prêchant l’amour du Christ et l’observance des commandements. Toute sa vie et son enseignement sont marqués par le bon sens propre aux gens des campagnes. Pour comprendre ses exhortations, il faut rappeler le contexte de son époque : d’une part, les idéologies anti-chrétiennes de la Révolution étaient déjà répandues à l’époque de son ministère, et de nombreux chrétiens s’étaient éloignés de la foi et des sacrements. D’autre part, la doctrine janséniste du XVIIe siècle était encore présente dans les mentalités. On présentait surtout la justice divine, qu’il fallait honorer pour sauver son âme, en insistant sur le risque de la damnation éternelle, et sur le petit nombre des élus. Les écrits du Curé sont marqués par cette perspective : il faut sauver les âmes du feu de l’enfer, en commençant par soi-même. La crainte du péché mortel peut expliquer la sévérité apparente du bon Curé, mais il était aussi un apôtre fervent de la miséricorde et du pardon de Dieu : « Accusez bien vos fautes sans rien cacher ; alors, le bon Dieu les jette par derrière ses épaules, c’est-à-dire, les anéantit, les oublie. Ils ne reparaîtront jamais plus. »
Le zèle pour le salut des âmes lui faisait passer des heures et des nuits au confessionnal. On connait l’histoire de la paroisse d’Ars et des milliers de pèlerins qui vinrent se confier à lui, les miracles et les prodiges qu’il accomplit par la sainteté de sa vie. De nombreux témoignages mentionnent la bonté et la douceur, la miséricorde de ce pasteur, qui, à la suite du Christ, donnait sa vie pour ceux qui venaient le voir. Ses austérités et l’exigence de ses demandes n’étaient motivées que par son zèle du salut des âmes.
Le Curé vivait dans une austérité si extrême qu’elle ne pouvait venir de ses propres forces. Il n’acceptait rien qui adoucisse ses pénitences, qu’il offrait pour ceux qu’il confessait. Mais il pouvait aussi dépenser sans compter pour acheter des ornements pour l’église : « Monsieur Vianney commença par acheter un autre maître-autel, où les dorures ne furent pas épargnées et le paya de ses propres deniers ». Il partait quêter de l’argent auprès de personnes riches, pour ne pas demander aux habitant d’Ars, qui étaient pauvres.
Il ne voulut pas se contenter de conduire sa paroisse vers la sainteté. Il ouvrit aussi une maison d’accueil pour des enfants pauvres, qu’il appela La Providence. Quand l’argent manquait, ce qui arrivait souvent, il priait avec ferveur et obtenait des miracles : multiplication du vin et de nourriture. Il attribuait ces dons à sainte Philomène.
Sa sainteté fut déjà reconnue de son vivant.
Acte d’amour du saint Curé d’Ars
Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le Ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon Dieu, et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on n’y aura jamais la douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, du moins je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, de vous aimer en souffrant, et d’expirer un jour en vous aimant et en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.
La citation
« Une âme pure est comme une belle perle. Tant qu’elle est cachée dans un coquillage au fond de la mer, personne ne songe à l’admirer. Mais vous la montrez au soleil, cette perle brille et attire les regards. C’est ainsi que l’âme pure, qui est cachée aux yeux du monde, brillera un jour devant les anges, au soleil de l’éternité. »
Saint Curé d’Ars
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