Père Tanguy-Marie, vous êtes prêtre de la Communauté des Béatitudes et vous étiez invité au sénat le 11 janvier dernier pour donner une conférence. Était-ce devant les sénateurs, dans le cadre de leur mission parlementaire ? De quoi s’agissait-il ?
Le thème de la conférence était : « Quelle place de la Chine dans le monde ? »
Il s’agissait d’une rencontre organisée par la section internationale des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens en lien avec le sénateur représentant les français à l’étranger. Cette conférence était dite « croisée », pendant plus de deux heures, avec quatre autres intervenants : deux grands dirigeants d’entreprise, le journaliste de La Croix responsable de l’Asie et un responsable d’une revue sur la Chine.
En plus du public présent, très lié au milieu économique, on était en vidéo conférence avec des chefs d’entreprise en Asie et des Etats-Unis. Mon intervention était principalement articulée sur le sens de la personne, considérée comme unique dans le référentiel chrétien, mais comme faisant partie d’un tout, groupe, ciel, vision, équilibre global, « harmonie » pré définie, dans le référentiel chinois.
Dans le contexte communiste actuel, ces visions de la personnes peuvent ne pas immédiatement se « croiser ». Mais j’ai la conviction que le respect chrétien de chaque personne peut enrichir le sens culturel chinois de l’harmonie !
Pourquoi étiez-vous invité, vous-même ? Comment s’est faite cette invitation ?
Peut-être quatre choses ont pu motiver les organisateurs. D’abord que je sois professeur ordinaire d’éthique sociale dans un Institut Catholique. Je vais aussi régulièrement depuis plus de dix ans en Chine pour rencontrer la culture chrétienne et réfléchir à sa complémentarité avec la culture chinoise. Puis d’avoir prêché la retraite pour le cardinal de Hong Kong et ses évêques il y a quelques années. Enfin d’être religieux et prêtre : cela permet de donner une réponse adaptée aux enjeux actuels de la place de l’Église en Chine et ils sont nombreux.
En tant que prêtre religieux quelles ont été vos impressions lors de ces moments au Palais du Luxembourg, dans un lieu important de la République ?
La charge historique du lieu est très prégnante : en ce lieu s’est construite la « douce France », car le Sénat représente la France des territoires et l’Église a profondément marqué de son empreinte culturelle tout le territoire national. C’est émouvant d’être là.
Concernant directement la conférence, la complémentarité des points de vue, économique, social, politique et religieux, permet de décloisonner nos représentations sur la Chine et d’avancer plus en lien avec le réel d’aujourd’hui. Il y a une relation nouvelle à construire entre la Chine et le reste du monde. Inquiétante pour certains, pleine de possibilités pour d’autres. L’Église catholique participe humblement aussi à l’écriture de cette nouvelle page de l’histoire car les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Chine.