Nous débutons avec ce premier article une série mensuelle sur le thème de la vie d’oraison. Les articles que nous vous partagerons ici ont été écrits, à l’origine, à l’intention des membres de la Communauté des Béatitudes, et destinés à les encourager dans leur vie d’oraison. En effet le Livre de Vie* de la Communauté affirme que “la Communauté reconnaît comme sa grâce principale la vie d’oraison” et nous demande de consacrer autant que possible tous les jours une heure de notre temps à cet exercice, avec une grande détermination et fidélité.
La vie d’oraison est ce coeur à coeur intime, « ce commerce d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé » comme le définit sainte Thérèse d’Avila. C’est le plus grand cadeau que nous avons reçu de l’Esprit Saint et le trésor que nous avons le plus à cœur de communiquer. C’est pourquoi nous vous partageons ces articles avec joie.
Il est là !
« Il est là ! » comme le répétait le Curé d’Ars en montrant l’Hostie ou en pointant le Saint-Sacrement… ! Entretenir une relation intime avec Celui qui est là, le Christ vivant à nos côtés, voilà bien une priorité pour tous les chrétiens qui se donnent avec générosité dans le service et l’apostolat. Cette générosité ne pourra se maintenir au fil du temps, être vécue de manière juste et féconde, sans générer de lassitude, que si elle trouve son fondement dans la vie de prière et tout spécialement dans la fidélité de chacun à l’oraison personnelle.
Dans son “Traité de l’oraison et de la méditation”, saint Pierre d’Alcantara, un des plus fidèles soutien de Thérèse d’Avila, s’exprime ainsi : “Dans l’oraison, l’âme se purifie du péché, la charité se nourrit, la foi s’enracine, l’espérance se fortifie, l’esprit jubile, l’âme se fond de tendresse, le cœur s’épure, la vérité se découvre, la tentation est vaincue, la tristesse s’enfuit, les sens se renouvellent, la tiédeur disparaît, la rouille des vices est consumée ; de ce commerce naissent aussi de vives étincelles, des désirs ardents du ciel, et parmi ces étincelles brûle la flamme du divin amour.” Peut-être ne goûtons-nous pas cela tous les jours, mais dans le long terme, ces paroles sont bien vraies. “Notre vie vaudra ce que vaut notre oraison” dit Marthe Robin.
Dans la sainte impatience de l’amour, nous voulons, comme l’affirme la règle primitive du Carmel, “goûter d’une certaine manière dans notre cœur, expérimenter dans notre esprit la force de la divine présence et la douceur de la gloire d’en-haut, non seulement après la mort, mais même en cette vie mortelle.”
Il est certain qu’il n’y a pas de fidélité à l’oraison sans des temps parfois douloureux de sécheresse, de pauvreté, de confrontation avec notre misère radicale. Cela fait partie du chemin. L’oraison est un chemin de transfiguration, mais elle est aussi un chemin d’humilité et de pauvreté. La fidélité dans la recherche prioritaire de l’union à Dieu dans la prière est coûteuse et parfois aride, nous ne voulons cependant à aucun prix y renoncer, d’abord parce que Dieu nous le demande, et ensuite parce que c’est là et nulle part ailleurs que nous trouverons la paix, le bonheur véritable, les consolations qui nous encouragent dans la dureté du combat, la fécondité de notre apostolat.
Nous voulons aussi reconnaître avec humilité que, quel que soit le chemin déjà parcouru, il nous est toujours “nécessaire d’apprendre à prier, recevant pour ainsi dire toujours de nouveau cet art des lèvres mêmes du divin Maître, comme les premiers disciples : Seigneur, apprends-nous à prier.” (Jean-Paul II, Novo Millenio Ineunte).
La “formation continue” est une nécessité dans tous les domaines de la vie, mais tout spécialement pour la prière, “âme de la vie chrétienne et condition de toute vie pastorale authentique”. (id) Nous n’avons jamais fini d’apprendre à prier, nous devons avoir toujours le désir de mieux prier, d’une prière plus pure, plus ardente, plus capable de nous faire toucher Dieu, et de nous donner le “cœur nouveau” que promet l’Écriture.
Cette série d’articles voudrait répondre à ce besoin essentiel, et maintenir vivant dans le cœur de chacun la soif de la prière et la détermination d’y persévérer sans jamais se décourager, selon les paroles du Seigneur (cf. Lc 18,1).
La citation
« Je veux être fidèle, très fidèle à l’oraison chaque jour, malgré les sécheresses, les ennuis, les dégoûts que je pourrais avoir… malgré les paroles désobligeantes, décourageantes, menaçantes que le Démon pourra me répéter !… Dans les jours de trouble et de grands tourments je me dirai : Dieu le veut, ma vocation le veut, cela me suffit ! » Marthe Robin
Thèmes et rubriques
Dans les articles à venir, nous aborderons différents thèmes comme les attitudes essentielles qui rendent la prière féconde, les difficultés qu’on peut y rencontrer, la lectio divina, notre lien avec Marie, etc.
Il ne s’agit bien sûr pas d’imposer à tous le même style ou les mêmes méthodes de prière. Il faut respecter la liberté de chacun dans ce domaine, ainsi que les évolutions normales de la vie spirituelle qui font qu’on ne pratique pas nécessairement l’oraison de la même manière à tous les âges de la vie. Il s’agit simplement de donner une nourriture, de rappeler des points de repère essentiels, de déblayer les obstacles inévitables, de réveiller un désir.
Outre un article de fond sur un thème principal, vous trouverez dans les futurs bulletins une rubrique “Pour aller plus loin” avec des suggestions de lecture ou d’autres ressources pour approfondir le thème abordé.
Bonne oraison à la rencontre de « Celui qui est toujours là à nous faire du bien ! »
Pour aller plus loin…
Rien que pour aujourd’hui
Je prends simplement un point de ce bulletin qui m’interroge particulièrement. J’y réfléchis dans la prière et je demande au Seigneur la grâce de comprendre comment le vivre davantage.
Petit exercice spirituel
Durant ce mois, je prends du temps pour relire mon histoire sainte avec le Seigneur et la manière dont il me conduit dans ma vie d’oraison. Je le remercie, lui présente mes désirs, peut-être aussi mes souffrances. Je lui formule mes attentes.
Une lecture
Novo Millenio Ineunte n°32 et n°34, Jean-Paul II, 2001.
Un film
*Le Livre de Vie de la Communauté est le texte fondateur de la spiritualité de la Communauté.