La Communauté des Béatitudes est présente au Pérou depuis 1988 et s’est installée à Callao en 1992, grande ville située à côté de Lima. Elle est le principal port de pêche et de commerce du Pérou, ouvert sur l’Océan Pacifique. La communauté y a en charge une paroisse dans un quartier pauvre, y anime de nombreuses activités pastorales et missionnaires, dont l’adoration perpétuelle.
En confinement depuis le 16 mars, nous sommes quatre sœurs et un frère prêtre à assurer sans interruption l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement à Callao, qui se poursuit depuis 20 ans. De 18h le soir, à 5h le matin, plus tous les jours de couvre-feu, nous sommes seuls à assurer cette présence devant le Saint-Sacrement. Le silence inouï et inespéré de la ville nous aide ! Dans la journée cette présence est renforcée par la participation des paroissiens.
Plusieurs fois, le Père Etienne est passé avec le Saint-Sacrement et les reliques des saints, l’encens et les clochettes bénir tout notre quartier très étendu, à pieds ou sur une plate-forme de moto-taxi.
Nous retransmettons aussi toutes les Messes sur facebook. Parfois plus de mille participants nous rejoignent ainsi.
Le dimanche, nous célébrons la messe sur le toit de la Communauté. Pour cela, il nous faut monter deux étages par des échelles extérieures, en transportant une table et tout le matériel pour célébrer dans un sac à dos. Les familles peuvent ainsi participer à l’Eucharistie dominicale depuis leurs propres terrasses. Même les trafiquants de drogue et autres non pratiquants sont touchés par notre sonorisation. Beaucoup d’autres nous suivent pas internet. Les sœurs qui n’ont pu monter sur le toit communient grâce à un panier descendu par une corde…
Pour Pâques c’est un avion-cargo boeing 747 qui a survolé la capitale et une bonne partie du pays. En espagnol un avion « cargo » signifie « Il a chargé ». C’est aussi la signification dans Isaie 53, 4 de « Il a chargé toutes nos maladies » (Is 53, 4), et à son passage nous avons répondu : « A l’ombre de tes ailes je m’abrite, jusqu’à ce que passe le fléau… » (Ps 57, 1)
Nous avons aussi reçu notre nouvelle cloche de 370 kilos venue d’Espagne pour la Résurrection, et le grand exorcisme de Léon XIII a été prononcé (en latin).
Une poignée de fidèles peut assister aux messes en semaines, mais aucun le dimanche. Du coup les familles ont demandé à ce que leurs photos soient placées sur les bancs de l’église. Ce sont environ 800 photos d’amis paroissiens qui sont ainsi représentés devant le Corps du Christ exposé dans le Saint-Sacrement.
La vie paroissiale se développe aussi grâce à l’outil informatique. Pour que les fidèles de nos 40 groupes paroissiaux puissent continuer à se former, nous avons mis en place une bibliothèque numérique de 350 livres. Du côté des jeunes, sont organisées des conférences de prière sur youtube.
Il nous faut aussi coordonner toute une aide sociale avec Caritas, car beaucoup d’habitants ont déjà perdu leur emploi. Beaucoup, en effet, vivent grâce à des travaux journaliers à présent interdits. D’autres parfois n’ont pas de réfrigérateurs, ce qui provoque des difficultés de conservation de l’alimentation alors que les sorties pour les courses sont limitées. L’Etat, quant à lui, n’a pas de grands moyens d’assistance.
Alors que l’état d’urgence est prolongé au Pérou jusqu’au 26 avril prochain, nous constatons impuissants à la propagation de l’épidémie dans tous les pays du monde. Au 15 avril le Pérou est le 24ème pays le plus touché au monde en nombre de personnes malades.
Nous nous confions à votre prière et prions aussi avec ferveur pour vous tous, où que vous soyez.
Les frère et sœurs de la Communauté au Pérou
