Dans l’élan missionnaire estival et à la suite des témoignages des frères, nous vous proposons, tout au long de l’été, de découvrir le témoignage de sœurs aînées de la Communauté des Béatitudes… Elles nous relatent quelques souvenirs épiques de ces débuts de la Communauté.
MISSION #5
Sr Emmanuel : Mon arrivée à Medjugorje…
Sr Emmanuel est entrée à la Communauté à Cordes, en 1976 : elle est l’une des premières sœurs. Après quelques années en Israël, elle part à Medjugorje en 1989 où elle vit toujours et partage largement la grâce mariale du lieu à travers ses enseignements et ses écrits.
Medjugorje ! J’y vins en juin 1984 et en septembre 1989, lorsque le village était encore dans son état primitif si attachant. A peine avais-je posé le pied sur ce sol de feu que la Vierge commença à me travailler au cœur comme elle sait si bien le faire ! Un de ses messages me hantait : « Sans vous, chers enfants, je ne peux pas aider le monde. J’ai besoin de vous. Chacun de vous est important. » (28.08.1986). Elle voulait réaliser un grand plan, et je brûlais du désir de collaborer avec elle.
Alors je lui dis : « Si tu as besoin de moi, me voici ! Je serais tellement contente de t’aider, si je le peux. » Je voulais être un instrument dans ses mains pour tout ce qu’elle voudrait. J’avais le désir de diffuser ses messages – des perles de grand prix – et leur permettre de rejoindre un grand nombre de cœurs.
Cet appel confirmé, le 5 décembre 1989, remplie d’enthousiasme malgré le froid sibérien, je débarquai à Medjugorje pour la troisième fois, cette fois-ci pour y demeurer. J’étais accompagnée d’une autre sœur de la Communauté.
Medjugorje vivait encore son âge d’or. A l’heure du programme du soir, tout le village priait dans l’église. La joie était tout simplement de se laisser envelopper dans le manteau maternel de Marie, de celle qui venait du Ciel chaque jour pour nous. Nous logions dans une petite chambre glaciale, à 1 kilomètre de l’église. Nous n’avions que nos deux lits, rien autour et, faute de placard, nous rangions nos valises sous nos lits. Et que vous dire des moisissures sur les murs, le minuscule robinet d’eau froide qui ne fonctionnait qu’entre les coupures d’eau… Mais qu’importe tout cela, lorsque la joie règne ! Être à Medjugorje… la grâce des grâces !
Nous avions quitté la France avec très peu d’argent, je crois l’équivalent de 200 euros pour vivre sur place, c’était vraiment l’aventure. Mais par nature, j’aimais bien l’aventure. Notre seule richesse matérielle était une voiture Peugeot qu’un certain Joseph (de Lourdes) nous avait offerte à la suite d’une neuvaine à saint Joseph. Quand il faisait trop froid dans la chambre, nous allions nous réfugier dans la voiture pour chanter les Laudes. Nous faisions nos courses dans le petit bourg de Citluk, à 10 minutes de là, car à l’époque, sous le régime communiste, les denrées du magasin collectif près de la Poste de Medj laissaient à désirer.
Nous passions beaucoup de temps sur les montagnes, demandant à la Vierge de nous faire comprendre ce qu’elle attendait de nous et comment travailler de concert avec elle. Nous étions comme ces gens rassemblés devant les apôtres à la Pentecôte, qui disaient à Pierre : « Que devons-nous faire ? » Marie sut très bien nous le montrer, car cette période de tâtonnement dura peu.
Au fil des 33 années qui suivirent, le Seigneur me guida pas à pas, malgré mes gaffes et mes inconversions. Toutefois, l’enthousiasme ne me fit jamais défaut, ni la gratitude chaque jour renouvelée de pouvoir servir cet extraordinaire plan divin, déployé à Medjugorje par Marie pour le salut de notre monde sans paix.
Le 25 mars 1990, nous fondions l’association Les Enfants de Medjugorje qui devait plus tard devenir internationale. A travers elle nous avons pu mettre en place un apostolat qui s’exerce encore aujourd’hui. Son but est de faire connaître la Gospa à beaucoup de peuples, en livrant ses paroles, ses actions et ses bénédictions. En 1995, nous fondions les Children of Medjugorje aux Etats Unis et très vite dans d’autres pays.
En avril 1992, la guerre des Balkans arriva dans notre région, après avoir ravagé la Croatie. Elle laissa intacte le village de Medjugorje…
Je ne pourrai jamais rendre grâce à Dieu avec assez de ferveur pour ces années de bonheur et de lutte, d’intimité divine et de croix ! Aussi je veux chanter avec David, roi d’Israël : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » (Ps 115, 12).
Sr Emmanuel