Dans l’élan missionnaire estival et à la suite des témoignages des frères, nous vous proposons, tout au long de l’été, de découvrir le témoignage de sœurs aînées de la Communauté des Béatitudes… Elles nous relatent quelques souvenirs épiques de ces débuts de la Communauté.
MISSION #4
Sr Veronika de Jérusalem : Récit sur notre arrivée en Slovaquie…
De nationalité slovaque, Sr Veronika de Jérusalem est entrée à la Communauté en France en 1980. Elle est envoyée en 1991 pour fonder en Tchéquie, puis en 1997, pour fonder dans son pays d’origine.
Alors que nous fondions en Tchéquie (à Dolany), nous avons également fait plusieurs missions en Slovaquie. Une fois, nous sommes arrivés dans un lieu appelé Okoličné. Ce sont les habitants eux-mêmes qui nous ont conduits dans un ancien monastère franciscain abandonné et détruit par les communistes : plus de fenêtres, de portes, les sols détruits, pas d’électricité, pas d’eau… une ruine.
Le responsable de l’époque de la maison de Dolany a décidé qu’il devait y aller, car à cette époque nous cherchions à fonder en Slovaquie. Nous y sommes allés tous les deux. Arrivés sur les lieux, nous avons visité l’église où Saint François d’Assise était représenté… partout ! J’ai crié intérieurement au Seigneur : « Seigneur Jésus, pas ça ! Je ne veux pas réparer d’autres ruines ! Je ne suis pas Saint François ! » Je venais tout juste de « réparer » la maison de Dolany. J’étais fatiguée, je souhaitais une vie communautaire « normale ». Nous sommes toutefois aller rendre visite à l’évêque du lieu lui expliquant notre projet et nous présentant. Il semblait ne pas vraiment comprendre ce que nous étions, comment et de quoi nous voulions vivre, mais il a gardé le livre des statuts de la Communauté en disant qu’il nous contacterait.
En rentrant, j’ai écrit une lettre à la Vierge Marie en plein cœur de ma misère intérieure : « Je t’en prie, si telle est la volonté de Dieu, que l’évêque me dise personnellement qu’il nous accueille. » C’était ridicule de faire une telle demande, parce que normalement il aurait dû parler au responsable et pas à moi.
Quelque temps plus tard, tôt le matin, une sœur est arrivée en courant avec le téléphone : « L’évêque t’appelle ! » Je le prends donc et voici ces mots : « Ma sœur, je suis d’accord pour que vous veniez dans mon diocèse, nous parlerons du reste en personne ! » Une ardeur m’a envahie, j’ai fondu en larmes, c’était un signe clair pour moi ! C’est comme si une nouvelle force était entrée en moi : toute la fatigue et les inquiétudes ont disparu et je savais que nous allions nous lancer !
Lors d’une nouvelle rencontre personnelle avec l’évêque, il nous partagea toutefois ses inquiétudes : pour lui, nous ne tiendrons pas plus de trois semaines dans ces ruines. Et aujourd’hui, nous y nous sommes encore ! Par ailleurs, cet évêque – déjà décédé – nous a beaucoup aimés.
« Fonder » : une aventure incroyable à tous les égards, une expérience unique de la fidélité et de la bénédiction de Dieu au milieu de la misère et de l’adversité !
Sr Veronika de Jérusalem
