Dans l’élan missionnaire estival et à la suite des témoignages des frères, nous vous proposons, tout au long de l’été, de découvrir le témoignage de sœurs aînées de la Communauté des Béatitudes… Elles nous relatent quelques souvenirs épiques de ces débuts de la Communauté.
MISSION #3
Sr Veronika de Jérusalem : La fondation en Tchéquie…
De nationalité slovaque, Sr Veronika de Jérusalem est entrée à la Communauté en France en 1990. Elle est envoyée rapidement, en 1991 pour fonder en Tchéquie, puis en 1997, pour fonder dans son pays d’origine.
Tout commence par une parole de connaissance reçue quelques années avant la fondation de notre maison en Tchéquie.
Alors que je n’étais même pas encore membre de la Communauté, je participais à des groupes chrétiens clandestins en Tchécoslovaquie encore, à l’époque, sous régime communiste… La Communauté des Béatitudes venait de temps en temps nous visiter et faire quelques missions. C’est au cours d’une de ces missions, pendant un temps de prière avec l’un de ces groupes, que nous avons reçu une parole de connaissance : « Vous vivrez tous ensemble dans une maison, quelque part au milieu de la République, près de la frontière. » La majeure partie des personnes présentes ne se connaissaient pas. Nous ne savions même pas ce que ça voulait dire « tous ensemble » ! Et moi, personnellement, je ne comprenais pas ce que pouvait signifier « au milieu de la République, près de la frontière » (la Tchécoslovaquie à l’époque), car il s’agissait d’un non-sens géographique et politique : fonder une maison de la Communauté des Béatitudes dans un pays communiste si sévère ? Impensable.
Cela est devenu clair pour moi lorsque nous avons fondé notre maison à Dolany, après la chute du régime communiste. En effet, Dolany est une ville située au milieu de la Tchécoslovaquie (qui s’est effondrée par la suite). Elle est à la frontière entre les Républiques tchèque et slovaque.
Comment s’est passée la fondation ?
En 1989, le régime communiste s’effondre. Les jeunes de ces groupes clandestins (dont moi) qui étions intéressés par la Communauté des Béatitudes, sommes envoyés dans différentes maisons en France. C’était pour moi, une période d’appauvrissement nécessaire et en même temps la découverte de la spiritualité qui me porte toujours. Même si cela aurait été plus confortable pour nous de rester en France, nous voulions apporter la spiritualité de la Communauté dans notre propre pays. Je n’étais alors que postulante, mais nous avons donc commencé nos recherches et, avec les responsables de l’époque, nous avons trouvé une ancienne paroisse à Dolany. Nous sommes allés la visiter. Je n’étais pas du tout favorable à ce que nous nous installions là, au regard de la petite taille et du mauvaise état de la maison. Mais, heureusement, mon opinion de postulante n’a pas été prise en compte !
Nous avons donc fondé. Les premières années ont été assez difficiles, notamment du fait du défi linguistique et culturel de notre petite équipe communautaire de fondation (Slovaques, Tchèques, Français, Allemand). Pour les habitants de Dolany, notre réalité était incompréhensible… Et nous avons trouvé un moyen pour nous lier avec eux : s’occuper de leurs enfants. Nous étions très pauvres, nous cherchions des fonds pour réparer le bâtiment très défectueux… Malgré toutes ces difficultés, nous avons goûté et vécu une profonde unité entre nous, de nombreux moments beaux et bénis ; et la fidélité du Seigneur s’est manifestée dans toute sa gloire au fil des années, confirmant que c’est bien là, LA maison « au milieu du pays, quelque part près de la frontière… ».
Sr Veronika de Jérusalem
