Marie Immaculée, annonce de notre beauté à venir

A l’occasion de la fête de l’Immaculée Conception, les Editions des Béatitudes rééditent un Petit Traité Spirituel écrit par Jean-Claude Michel sur le thème de l’Immaculée Conception. Jean-Claude, diacre de la Communauté des Béatitudes, explique dans son avant-propos, reproduit ci-dessous, l’expérience spirituelle qui est à l’origine de ce texte.

Ce livre réédité plus de 20 ans après sa première diffusion, n’a pas d’autre prétention que celle d’être d’abord un témoignage sur un itinéraire singulier. Derrière ces réflexions et méditations, se cache une expérience inattendue, celle d’une rencontre avec une « inconnue », la Vierge Marie.

De mes origines protestantes je n’ai rien reçu au sujet de Marie, Mère du Seigneur. Je n’ai rien connu d’elle qui me nourrisse, encore moins qui m’éblouisse. Le silence familial était la traduction d’un attachement profond et authentique à la tradition de nos « pères » huguenots, le silence de notre Eglise entretenait notre ignorance. Dans ce « dépouillement », qui concernait aussi et logiquement la communion des saints, Marie n’avait de place nulle part. L’horizon était vide, je le compris plus tard.

La première fois que j’ai entendu un enseignement sur Marie, c’était à la Communauté des Béatitudes, que j’avais rejointe en 1975 avec mon épouse Martine. La Communauté s’appelait alors « le Lion de Juda et l’Agneau Immolé », nom inscrit au cœur des Saintes Ecritures[1] et à leur terme. Nous étions à Cordes[2], dans le premier hiver de cette nouvelle fondation, rassemblés pour l’enseignement dans la « chambre haute », qui faisait aussi office de chapelle. Notre fondateur, lui-même d’origine protestante, entreprit de nous parler de Marie. Il le fit avec prudence et délicatesse car l’assemblée présente était ecclésialement très hétéroclite, elle regroupait des protestants, des catholiques, des orthodoxes, des brebis sans enclos et même une poignée de juifs ! C’était comme le peuple de Dieu regroupé dans le parvis des gentils au Temple de Jérusalem, l’antichambre du Royaume.

Je ne me souviens plus du contenu exact du propos, mais il parlait, le cœur ouvert, de ce qu’il découvrait depuis quelques mois sur Marie. C’était le fruit de ses lectures, de ses recherches bibliques, de ses rencontres, comme celles avec Marthe Robin[3]. Nous parler de Marie lui paraissait essentiel, il posait les bases de notre spiritualité et ce ne pouvait se faire sans donner sa place à la Mère de Dieu. Alors que quelques-uns, souvent d’origine catholique, se délectaient des paroles entendues, d’autres dans l’assemblée, dont j’étais, réagirent en traduisant un malaise évident. Comment accueillir Marie et l’immense richesse de sa grâce, quand elle n’est pas inscrite dans votre « logiciel » spirituel, dirait les modernes ? Humblement, l’intervenant arrêta donc de parler, remettant à plus tard la poursuite de l’échange. Nous demeurions dans l’impasse, l’heure n’était pas encore à l’ouverture des Cieux, ni des cœurs. « L’humble servante », devrait donc attendre son heure. La « douce » Marie ne passerait pas en force !

Quelques mois plus tard nous partions, avec Martine, en Israël. Nous avions une maison communautaire à Nazareth et c’est en fréquentant la basilique de l’Annonciation, aux heures calmes du milieu du jour, quand les nombreux touristes envahissent les hôtels, que je fis ma première rencontre avec Marie, face aux ruines de la modeste demeure qu’elle habita. Je ne m’épancherai pas sur l’expérience intérieure elle-même, mais je compris que j’étais attendu depuis longtemps, et que j’étais rejoint là où j’en étais de mon chemin spirituel. L’heure était venue pour moi, et il n’y avait d’autre réponse possible que de s’ouvrir, d’être présent à la Présence qui se manifestait délicatement. Cela ne s’explique pas, c’est un cadeau, c’est beau et bon, il suffit simplement d’être attentif à la brise de l’Esprit-Saint quand elle passe. A ma solitude (ignorée jusque là) répondait une présence, celle d’une Mère qui m’aimait depuis toujours et je n’en savais rien. Au cœur du silence et de la nudité de la foi, « lieu marial » par excellence, se nichait une parole murmurée, qui est une tendre caresse de l’amour divin.

Ce moment fut une sorte de déclic, le point de départ d’un nouveau cheminement qui prendrait du temps. Marie parlait à mon cœur, se manifestait en se dévoilant, mais respectueusement devant mes lenteurs et mes résistances. Puis un jour – mais quel jour puisque Marie nous fait partager l’éternité dans laquelle elle est plongée ? – je fis intérieurement et intellectuellement l’expérience d’une évidence, celle de la cohérence totale qui relie tout ce qui est dit à son sujet. Les affirmations des dogmes, les commentaires spirituels, les prières recueillies par la tradition de l’Eglise, tant d’écrits qui décrivent la place privilégiée de Marie, sont empreints d’une justesse et d’une sagesse confondantes.

Marie, pleinement « femme »[4], fille d’Israël, « vierge fiancée à un homme du nom de Joseph »[5]

est totalement pure, préservée de tout péché (Immaculée Conception), pour accueillir celui qui est le seul Saint;

est restée vierge, parce qu’elle est le tabernacle inviolable du Dieu Vivant et Saint, trône de la Sagesse ;

est montée au Ciel, à la suite de son Fils, et partage sa Gloire tant elle lui fut unie et ressemblante ;

est médiatrice de toutes grâces, car nul ne fut plus proche qu’elle du Rédempteur et unique Sauveur ;

Marie est tout cela parce qu’elle est Mère de Jésus-Christ, Mère de Dieu, mais encore Mère de l’Eglise (famille de Dieu) et Notre Mère (nous sommes enfants de Dieu). Elle est Mère universelle pour avoir accueilli la parole de l’ange et pour avoir répondu librement « qu’il me soit fait selon ta parole »[6]. Par elle et en elle, le « Verbe s‘est chair », le salut a été manifesté à la face du monde et offert à toutes les générations.

Accueillir Marie en ce qu’elle est et nous donne, nous fait déjà goûter aux « joies du Ciel ». Marcher en sa compagnie commence par l’accueil de sa grâce originelle.

Cette édition a voulu conserver intégralement la première rédaction. Les seuls ajouts intégrés dans cette nouvelle édition, sont des citations des Papes contemporains, choisies comme des lumières posées sur le mystère.

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Marie Immaculée – Annonce de notre beauté à venir, EdB Collection Petits Traités Spirituels, déc. 2019

POUR EN SAVOIR PLUS

[1] Ap 5, 5

[2] Le Couvent de Cordes dans le Tarn (France), fut la première fondation de la Communauté des Béatitudes

[3] Marthe Robin née le 13.03.1902, morte le 6 février 1981, déclarée vénérable par le Pape François le 7 novembre 2014

[4] Ga 4, 4

[5] Lc 1, 27

[6] Lc 1, 38

Jean-Claude Michel

Jean-Claude Michel est diacre permanent. A la fin de ses études de médecine en 1975, il rejoint la Communauté des Béatitudes avec son épouse. Après quelques années d’exercice médical, il assume des responsabilités au sein de la Communauté. Depuis 2009, il dirige l’Association Alliances Internationales qui soutient et finance depuis la France, les œuvres caritatives et humanitaires de la Communauté.

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