Au moment où elles fêtent les 40 ans de leur fondation, les Éditions des Béatitudes publient ce 14 novembre la première traduction en français des textes évangéliques araméens les plus proches de la langue du Christ. Une première mondiale et un ouvrage inédit à se procurer sans tarder !
Les Évangiles traduits directement de la langue de Jésus !
« Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (alors qu’on entend habituellement : « au milieu ») ;
« Le Verbe s’est fait corps » (vs « s’est fait chair ») ;
« Réparez la route pour le Seigneur » (vs « préparez »).
Ce ne sont que quelques exemples de cette traduction réalisée à partir du texte évangélique araméen le plus ancien connu (les manuscrits de la famille de la Vetus Syra), finalisé avant ceux qui, plus tard, ont été remodelés selon les canons de la pensée grecque (la Peshitta, texte en vigueur dans les Églises de rite oriental).
Une véritable pépite que cette Vetus Syra, récemment découverte et toujours à l’étude, pour entendre l’évangile au plus près de la parole même de Jésus. Cet ouvrage nous en livre la toute première traduction française jamais réalisée.
Nous saisissons ainsi plus profondément Jésus dans sa judéité et dans son époque. Nous comprenons encore mieux qu’il est le Messie annoncé par l’Ancien Testament, envoyé par Dieu pour manifester son amour à tous ceux qui veulent bien se laisser sauver.
Quelle est l’origine de ce texte ?
Dans les tout premiers temps de l’Église, les Apôtres ne sont pas partis les mains vides en allant évangéliser l’Europe, l’Afrique du Nord et l’Asie. Certes, des traditions orales existaient mais elles restaient limitées. Pour cette raison, les textes circulaient déjà en feuillets partiels et indépendants et en plusieurs langues, spécialement en dehors de l’Empire romain. Certains avaient été traduits depuis le grec (rétroversions) ; d’autres étaient en araméen. Les textes avaient circulé sous forme de papyri partiels, réunis peu à peu pour former les quatre évangiles, puis unifiés les uns avec les autres et progressivement conformés au texte grec majoritaire.
170 :
– Hors Empire romain : finalisation de la Vetus Syra. La Vetus Syra a échappé à la mise en conformité avec le texte standard des évangiles grecs, car elle fait partie de ces manuscrits extérieurs à l’Empire romain. Elle est rédigée en araméen chrétien ou « syriaque ».
– Dans l’Empire romain : Diatessaron de Tatien. Ce texte est une « harmonie », c’est-à-dire une fusion des quatre évangiles dont l’objectif était d’en gommer les différences.
325-360 :
– Codex sinaïticus : copie en grec du texte biblique de l’Ancien et du Nouveau Testament.
430 :
– Formation de la Peshitta : Il s’agit d’une famille de manuscrits qui recouvre toute la Bible (Ancien et Nouveau Testaments) écrite en langue syriaque (araméen). La Peshitta résulte d’une standardisation tardive (Ve siècle) des textes syriaques, qui les a conformés au texte grec dominant, c’est-à-dire le plus répandu dans l’Empire byzantin. Elle a donc des influences grecques en termes de pensée, notamment dans la conceptualisation du discours. En cela, elle s’éloigne de la pensée sémite, très concrète. La Peshitta demeure la version de référence de la Bible pour beaucoup d’Églises d’Orient (maronite, catholique chaldéenne, catholique syriaque, syriaque7 orthodoxe, ainsi que des Églises d’Inde). Ces textes sont passés de l’araméen au grec et du grec à l’araméen. Jusqu’à aujourd’hui, les biblistes travaillent presque exclusivement sur la Peshitta qui est tardive et conformée au grec.
La Vetus Syra, nouveauté inouïe du XXIe siècle !
Un texte oublié puis redécouvert : Les premiers manuscrits de cette famille ont été découverts au XIXe siècle (au Sinaï et dans le désert d’Alexandrie), d’autres au cours du XXe siècle.
1842 : William Cureton, scientifique anglais, découvre un manuscrit au monastère des Syriens dans le désert d’Alexandrie et le rapporte à Londres.
1892 : Découverte du palimpseste syriaque du Sinaï par les soeurs Lewis.
2003 : Traduction anglaise d’une partie de la Vetus Syra.
2019 : La Vetus Syra a fait l’objet d’une première monographie scientifique par Étienne Méténier.
2023 : Découverte du passage d’un nouvel exemplaire de la Vetus Syra sur un palimpseste du VIe siècle et publication à Cambridge en 2023, confirmant à la fois l’intérêt singulier de cette famille de manuscrits des évangiles encore très peu exploitée, et l’usage de cet état du texte encore à une époque assez avancée.
2024 : Première traduction mondiale de la Vetus Syra prenant en compte l’ensemble de cette famille de manuscrits.
Un texte mis à notre portée dans ce livre
En effet, il y a de nombreuses notes qui explicitent le sens et le contexte. Également, des tableaux qui aident le lecteur à comprendre le vocabulaire et le message des évangélistes. Enfin, les racines juives du christianisme, fruit des dernières découvertes de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, sont mises en lumière.
Quelques indications sur l’auteur
Étienne Méténier est prêtre de la Communauté des Béatitudes, docteur en théologie (École biblique et archéologique française de Jérusalem et Faculté pontificale Saint-Esprit au Liban) et spécialiste des Écritures saintes en syriaque (l’araméen des chrétiens). Né en 1972, il est le fils spirituel d’un ermite de l’Église d’Orient. Diplômé d’HEC, ancien officier des commandos Marine, il a été missionnaire au Moyen Orient, en Océanie, en Afrique comme recteur d’un sanctuaire marial, et curé au port de Lima. Il est également membre du projet « La Bible en ses Traditions » de l’École Biblique (Jérusalem).
Article du journal La Croix
La Croix consacre 3 pages à ce livre dans son édition du 8 novembre à lire ici.
Extrait de l’interview :
La Croix : Vous êtes à la fois un prêtre et un scientifique. Comment articulez-vous les deux ?
Etienne Méténier : Le père Lagrange, fondateur au début du XXe siècle de l’École biblique et archéologique française, affirmait que les travaux des chercheurs devaient se faire non seulement au laboratoire, dans la magnifique bibliothèque de l’École, mais aussi à l’oratoire, dans la prière. De fait, à l’École, la chapelle ouvre sur la bibliothèque. Missionnaire avant tout, j’ajouterais personnellement à ces deux piliers l’observatoire, qui cerne les besoins des personnes et les nécessités sur un terrain donné de l’annonce de l’Évangile. Le travail des chercheurs est de servir la mission, non de rester sur une étagère au profit des seuls spécialistes.
Découvrez cet ouvrage inédit, qui tout en entrant dans le détail des traductions, nous offre une mise en perspective unique.
384 pages – 29,90€