Les cinq gestes qui fortifient l’amour conjugal

Prononcer « je t’aime », « pardon », « merci » et témoigner du service et de la tendresse. Autant de manières d’entretenir l’amour dans le couple.

Combien de fois avons-nous entendu des personnes nous dire « je suis croyant, mais pas pratiquant », pour s’en faire presque un titre de gloire, comme s’il suffisait de croire et comme si pratiquer faisait un peu dépassé. De même dans la vie à deux, on se dédouane facilement d’avoir à pratiquer l’amour quand on est sûr d’aimer l’autre et quand cela doit suffire à le contenter. « Tu sais bien que je t’ai dit « je t’aime » quand on s’est marié, et que c’est toujours valable ! » Seulement voilà, celui qui se sait aimé, apprécie encore plus de se l’entendre dire, montrer, prouver par des gestes, des paroles, des attitudes. Le feu dans l’âtre n’a-t-il pas besoin d’être alimenté régulièrement en bûches et d’être secoué souvent pour ranimer la flamme. L’amour serait devenu une telle émotion incontrôlable que sa disparition ou son éclipse se perçoit comme un manque de chance et non comme un déficit de preuve à fournir dans l’action.

L’amour qui vient d’ailleurs certes et que l’on reçoit comme un don, surtout au début, demande ensuite à se pratiquer, comme on doit muscler un corps si on ne veut pas qu’il s’atrophie, comme toute vertu qui doit s’exercer et se perfectionner pour prétendre faire son effet bénéfique. On apprécie bien volontiers les gestes de l’autre qui nous disent son amour, et nous oublions que nous avons à lui prodiguer les nôtres en retour. Comme la foi vient aussi en pratiquant, si nous commencions par la pratique avant la foi, l’exercice de l’amour avant d’aimer. Car l’amour vient en aimant, il se fortifie en s’exerçant. Voici cinq points d’attention quotidienne : dire « je t’aime », « pardon », « merci » et témoigner du service et de la tendresse.

1. DIRE JE T’AIME

Cela doit arracher la bouche à certains d’avoir à prononcer ce mot magique dès le matin ou en se retrouvant le soir, tellement il se fait rare au long des années ! Les fiancés se le disent cinq fois par jour, les jeunes mariés cinq fois par semaine, les couples plus mûrs cinq fois par mois et je connais de vieux couples qui ne se sont pas dit : « Je t’aime » depuis plusieurs années. La dignité de l’homme réside dans sa capacité à parler pour communiquer dans diverses situations, mais surtout de façon excellente pour se redire souvent l’essentiel de son engagement. Le « oui » initial se renouvelle dans ces « je t’aime » réguliers. On ne mesure pas toujours la puissance de ces trois mots qui commencent par « je », pour nous inciter à nous mettre en action, puis par « toi », qui est le destinataire de l’amour et qui nous détourne de nous-mêmes et enfin par le résultat, « aime », qui est un verbe d’action ! Les espagnols disent Te quiero et les italiens Te voglio bene en mettant en premier l’autre et en oubliant le « je » ! Des variantes nombreuses existent : « Tu es mon amour, ma biche, mon trésor… », aux effets tout aussi délicieux.

2. DIRE PARDON

Ce petit mot magique est difficile à prononcer parce qu’il demande de l’humilité, de la gratuité scandaleuse, de l’abandon d’être payé de retour pour une offense reçue. Pourtant cet effort apporte tant de paix et de réconciliation que l’on est étonné que beaucoup ne le pratiquent pas, soit par manque d’éducation à cette bonne habitude, soit par difficulté intérieure à vivre ce processus étrange, parce que divin, mais accessible et simple. Là aussi en forgeant, on devient forgeron. On vit le pardon dans les petites choses pour les vivre ensuite dans les grandes offenses. Chacun faisant sa part à son rythme : « je te pardonne » pour l’un et « je te demande pardon » pour l’autre. Pardonner est un synonyme d’aimer. Essayer le pardon, c’est l’adopter !

3. DIRE MERCI

Notre monde redécouvre la gratitude, vertu connue des anciens, surtout quand elle est aimantée par l’Auteur de la grâce. Dans le couple, il s’agit de remarquer plus souvent les bonnes choses chez l’autre que ses défauts, de faire taire les reproches pour penser à encourager plus souvent, pour se réjouir de ce qui fait du bien avant de corriger ce qui va mal. Gary Chapman parle des paroles valorisantes comme d’un langage spécifique de l’amour, bon sésame pour nourrir la communion. Un « merci » donné du fond du cœur refait un cœur attristé par la fatigue, un conjoint fermé par une dispute, un esprit affligé par la lassitude. Un merci enflamme l’oeil d’un sourire retrouvé.

4. RENDRE SERVICE

Comme le vent ne se voit pas en tant que tel, sinon dans ses effets, fumée qui s’incline, feuilles qui s’agitent, l’amour ne doit pas rester théorique mais se prouver par le désir d’aider l’autre, de lui rendre service. La main prolonge le cœur, c’est bien connu. Et la main fait des merveilles pour prendre sa part de travaux domestiques, pour réaliser sa part dans l’éducation des enfants et les multiples services qui font du bien à l’autre conjoint. Autre langage de l’amour qui ne doit être réservé à personne, mais nous concerne tous.

5. TÉMOIGNER DE LA TENDRESSE

L’amour a trois marqueurs essentiels qui l’incarnent bien profondément au cœur de la vie conjugale : le pardon, le service et la tendresse. En l’absence de l’un ou deux d’entre eux, il n’est pas étonnant que l’amour s’étiole. La tendresse n’est pas dans le tout ou rien, mais, entre grands ébats sexuels et superbe et froide juxtaposition, elle loge dans le quotidien des gestes, des paroles, des sourires, et une bienveillance affectueuse. Embrassades chastes, caresses délicates, mots tendres et regards appuyés nourrissent les instants fugaces mais réconfortants des époux attentifs l’un à l’autre. Pas besoin d’un calme plat dans les rapports pour s’y sentir poussé, mais inversement s’adonner à ces exercices de tendresse pour retrouver le cœur de l’autre. Cela s’appelait faire la cour au temps des amours courtois qui auraient été oubliés dans la tornade de la révolution sexuelle. La tendresse englobe la sexualité et lui donne ses quartiers de noblesse.

Père Michel Martin-Prével

Le Père Michel Martin-Prével, est fondateur du Parcours Tobie et Sara. Entré à la Communauté des Béatitudes en famille en 1981, il s’est trouvé veuf après 32 ans de mariage. Il a été ordonné prêtre en 2009 et accompagne beaucoup de divorcés et de couples en difficulté. Auteur de livres sur le divorce, la famille, et prédicateur de retraites de couples et de familles, il anime les Parcours Tobie et Sara avec une équipe d’accompagnants laïcs et religieux formés pour cela.

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