La Lectio, rappelons-le, est une lecture lente, méditative, priante de la Parole de Dieu, pour en être imprégné et transformé. Elle veut nous conduire d’un texte écrit à une rencontre avec le Dieu vivant.
Parfois, à la première lecture d’un texte biblique, nous sommes saisis par une parole, qui nous entraîne immédiatement vers la prière, ou même vers un silence d’adoration en présence du Seigneur. Accueillons cette grâce et remercions-en le Seigneur ! Mais lorsque nous avons décidé de cheminer, jour après jour, dans la fidélité à la Lectio, nous remarquons qu’il n’en est pas toujours ainsi… et nous comprenons la nécessité de suivre un itinéraire, déjà balisé par de nombreux croyants au fil des siècles.
Nous suivrons le cheminement décrit par Guigues le Chartreux, dans un texte intitulé « Lettre sur la vie contemplative ». Bien que très ancien, ce texte reste la référence la plus importante sur cette question. Guigues a la vision d’une « échelle » à quatre barreaux, qui élève les moines « de la terre vers le ciel ». Ce sont : la lecture, la méditation, la prière et la contemplation.
Prenons, pour faire la Lectio un texte d’une dizaine de versets. Mettons-nous dans une attitude de disponibilité et d’attention et commençons par prier : demandons l’aide de l’Esprit Saint qui a inspiré les Saintes Écritures, et l’aide de la Vierge Marie, pour qu’elle nous forme « un cœur qui écoute ».
La lecture
Nous allons lire le texte, lentement, en écoutant avec toute notre attention, plusieurs fois. La lecture en prononçant le texte est une aide précieuse pour cela : elle rassemble trois de nos sens dans la réceptivité de cette Parole. En effet, nous voyons le texte, nous le prononçons avec notre bouche et nous l’écoutons de nos oreilles. Cette lecture prononcée (cela peut être un simple murmure) est certainement une aide pour faire « descendre » la Parole dans notre cœur : « Elle est tout près de toi, la Parole, dans ta bouche et dans ton cœur. » (Dt 30, 14) Elle nous aidera aussi à sortir des pensées qui nous habitent, lesquelles ont plus de force lorsque nous lisons simplement « avec les yeux ». « Plusieurs fois », alors que le texte nous est peut-être familier : voilà qui nous demande un acte de foi. Croyons que la Parole est toujours nouvelle, et que depuis notre dernière audition, elle a quelque chose de neuf à nous dire.
La méditation
Ce mot, très riche, a plusieurs sens. Dans le Psaume 1, nous trouvons : « Heureux est l’homme (…) qui se plaît dans la Loi du Seigneur, et médite sa Loi jour et nuit. » Ici, méditer signifie murmurer, se répéter, remâcher la Parole, afin de s’en imprégner profondément, pour qu’elle puisse transformer notre mémoire et notre cœur. Pour commencer, nous allons vers un ou deux versets qui nous attirent particulièrement : nous allons les « faire descendre dans notre cœur » en les répétant par tous petits fragments qui ne fatiguent pas la mémoire, en y appliquant toute notre attention, toutes nos facultés d’écoute.
Ce travail, nous le faisons d’abord en prononçant la Parole, puis intérieurement. Parfois, nous sommes poussés à y rester longuement et nous sentons que notre cœur « s’embrase », par la grâce de Dieu, agissant à travers ces quelques mots.
Dans la méditation, nous pouvons aussi faire le lien avec d’autres passages de la Bible. Un mot, une image nous renvoient vers un autre verset, dans un livre biblique d’un style et d’une époque tout différents. Nous voyons, peu à peu, l’unité de ce que Dieu veut nous dire à travers la Bible, en des langages si divers. Cela enrichit notre lecture… et l’exercice est savoureux !
Nous allons nous interroger sur cette Parole : qu’est-ce que le Seigneur veut me dire sur lui-même ? Toute l’Écriture, en effet, nous a été donnée pour nous révéler le visage très aimant de notre Père, et il convient de commencer par cette question. Puis : qu’est-ce que le Seigneur veut me dire, à moi, aujourd’hui ? Et nous croyons que le Seigneur veut ainsi s’entretenir d’une manière unique avec chacun de nous.
Nous pouvons aussi chercher les divers sens du texte : le sens littéral (texte, donné à telle époque de l’histoire du salut), le sens christologique (par lequel nous cherchons comment Jésus accomplit la Parole donnée à Israël), le sens moral (ce que nous devons faire), et le sens eschatologique (ce qui existe déjà dans la gloire éternelle).
La prière
Après avoir lu attentivement le texte, et l’avoir creusé par la méditation, nous sommes conduits vers la prière : louange au Seigneur pour ce qu’il nous a fait connaître de lui, prière de demande pour une conversion, intercession, etc. La Parole reçue et méditée est ainsi le support de ce que nous allons formuler dans la prière. Au fil des jours, notre prière s’enrichit de ce que nous avons médité. Le Seigneur nous donne lui-même les mots pour lui parler : dans le Notre Père et les Psaumes, bien sûr, mais aussi à travers d’autres scènes bibliques.
La contemplation
Parfois nous serons saisis par la Présence de Dieu dans la prière (ou une des étapes précédentes). Accueillons cela comme une grâce et laissons le reste… « Alors la prière peut s’abîmer dans le silence, non le silence de l’absence de l’autre ou de moi-même, qui survient aussi en son temps, mais ce silence qui vient au-delà de la Parole lorsqu’elle nous a atteints. » (La force du silence, Cardinal Sarah). Puis, nous pouvons redescendre sur un autre « barreau » et ainsi, aller et venir sur cette « échelle ». Bien sûr, les échelons ne se suivront pas toujours systématiquement dans l’ordre exprimé ici ; il nous faut être à l’écoute de ce que l’Esprit veut nous dire, et savoir nous arrêter là où il nous incline à le faire.
Pour finir, remercions le Seigneur pour la grâce de ce temps passé à son écoute : la Parole nous a travaillés, même si nous ne le voyons pas immédiatement. Nous pouvons écrire une parole qui nous a touchés, et sortant de la Lectio, garder dans notre cœur une parole brève que nous avons mémorisée, à laquelle nous pourrons revenir, et qui va habiter notre journée.
La citation
« Tout ce qu’on peut tirer des paroles de la Sainte Écriture n’a d’autre fin que la charité. » Saint Augustin
Sur quel(s) texte(s) faire sa Lectio quotidienne ?
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