La louange
Louer Dieu, voilà le dénominateur commun de tout appel, de toute vocation et de chaque baptisé ! Louer Dieu, c’est ce pour quoi nous sommes créés. Pour cette raison, la louange est à la portée de tous. Nul besoin de prérequis pour louer, et pas d’âge pour savoir louer. Nul besoin non plus d’un cadre ou d’un contexte pour louer : on peut louer partout et n’importe où ! N’est-ce pas à cela que sera consacrée notre vie éternelle ?
Qu’est-ce que la louange ?
La Bible emploie diverses expressions pour parler de la louange. On peut dénombrer plus de dix mots différents en hébreu (dont le Alléluia) et plus de cinq mots différents en grec. Cela nous montre la variété des modalités que la louange peut revêtir, s’exprimant de façon recueillie ou dans l’exultation, par la parole ou par le chant, avec ou sans accompagnement musical, etc.
Le Dictionnaire Larousse offre une définition plus concise : « paroles par lesquelles on fait l’éloge de quelqu’un ». Louer, c’est donc faire l’éloge de Dieu.
Notons que pour faire l’éloge de quelqu’un, il est nécessaire de bien le connaître ! Il en est de même pour Dieu. Dieu est omniprésent, il est omnipotent (« Je suis le Dieu tout-puissant », Gn 17,1). Dieu est celui qui gouverne tout.
Lorsque nous disons que Dieu est tout-puissant, nous affirmons croire en son autorité. Et comme il est omniscient, il sait tout. Dieu perçoit toute chose, rien ne peut lui être caché. « Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard » (Hb 4,13). Ainsi, Dieu se manifeste à la fois par sa gloire et sa bonté, par sa puissance et sa proximité. Il gouverne avec bienveillance et miséricorde, et rien ne peut lui être caché. Cette nature de Dieu ne peut que faire surgir en nous la louange !
Pourquoi la louange ?
Un devoir. « Rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus » (1 Th 5,18), « En toute circonstance, offrons à Dieu, par Jésus, un sacrifice de louange, c’est-à-dire les paroles de nos lèvres qui proclament son nom » (Hb 13,15).
La louange est la volonté de Dieu pour nous ; elle a un grand prix à ses yeux.
Entrer dans la présence de Dieu. Le Seigneur se fait présent quand nous le louons : « Élevant la voix au son des trompettes, des cymbales et des instruments de musique, ils louaient le Seigneur : « Car il est bon, éternel est son amour.« Alors la Maison, la Maison du Seigneur, fut remplie par une nuée » (2 Ch 5,13).
La louange attire la présence de Dieu. L’expérience vécue par Paul et Silas à Philippes, alors qu’ils étaient en prison, confirme cela (cf. Ac 16,25-26).
Comment louer ?
L’action de grâce pour ce que Dieu fait pour moi. « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien » (Ps 22,1). L’action de grâce concerne ce que Dieu réalise dans notre vie. Lui rendre grâce, c’est reconnaître son œuvre qui accompagne et soutient nos propres efforts.
La gratitude pour l’œuvre de Dieu dans le monde. Elle concerne ce que Dieu a accompli au fil du temps et qui peut ne pas nous concerner directement. Par exemple, contempler la création de Dieu est la source d’une louange sans fin, « autrefois tu as fondé la terre ; le ciel est l’ouvrage de tes mains » (Ps 101,26). Regarder ce que Dieu a fait et continue de faire dans ce qui nous entoure, – et dont nous ne sommes pas les seuls bénéficiaires – est un bon moyen de combattre notre égoïsme et de détourner notre regard de nous-mêmes pour l’orienter vers le Créateur.
L’adoration. Elle est humilité devant Dieu qui montre à quel point nous sommes petits devant sa grandeur, tout en exprimant notre vénération et notre respect profond pour lui. « Tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui » (Mt 2,11).
Et dans l’épreuve ?
Quand le quotidien ou la vie nous semblent tranquilles, c’est plutôt facile de louer. En revanche, dans l’épreuve ou dans le malheur, il peut devenir plus difficile voire paradoxal de louer Dieu. Cependant, c’est bien ce à quoi la Parole de Dieu nous invite quand elle nous dit de louer « à tout moment » et « pour toute chose » !
Dieu n’a jamais voulu le mal, la souffrance, la maladie, la mort. Le mal fait partie des conséquences du péché originel et, face à lui, nous sommes appelés à poser un acte de foi : Dieu peut tirer un bien plus grand si nous nous ouvrons à lui par la louange qui est la forme supérieure de la confiance.
Ainsi, la louange est une attitude de foi et de confiance, une décision libre de notre volonté. Dans l’épreuve, la louange permet de recevoir la paix du cœur. Dieu sait ce qui est bon pour nous dans cette situation. La louange consiste donc ici à croire que son plan de salut va se réaliser. C’est ce que disait Jésus : « Gardez confiance, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33).
Quand nous sommes trop accablés, choisissons de nous situer dans la foi et de répéter simplement une phrase telle que : « merci, Seigneur, pour ton amour » ou « merci de mettre dans mon cœur la louange. » Quand nous nous heurtons à une difficulté avec quelqu’un – comme cela arrive souvent dans une vie communautaire – nous pouvons prier Dieu de bénir cette personne. En effet, louer Dieu change notre cœur aussi bien que nos relations humaines et nous permet d’ouvrir la porte à l’action de Dieu. Dans ces circonstances, louer Dieu revient à être enraciné dans l’amour de Dieu ; le sol fertile de la louange fera croître notre faculté d’aimer et les fruits de l’Esprit Saint pourront alors abonder.
Conclusion
Alors que nous avons eu la grâce, il y a peu de jours, de célébrer avec toute l’Église cette belle fête de la Toussaint, demandons à nos amis du Ciel de nous entraîner à leur suite et de nous apprendre l’art de la véritable louange, qui n’est qu’émerveillement et confiance, ce dont ils ont su vivre sur terre et qu’ils vivent pleinement dans le Ciel.
Témoignage d’une sœur À un moment d’épreuve et de colère, le quotidien me semblait être devenu un fardeau. La prière m’était difficile, encore plus la louange. Le refus de vivre les choses telles qu’elles se présentaient prenait de plus en plus de place dans mon cœur. Arrive un matin où je me réveille ayant dans mon esprit ce verset de la Genèse : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon ». Cette parole de louange, où Dieu s’émerveille devant sa créature et sa création, a résonné en moi. J’ai compris, grâce à cette parole, que tout était bon, et que si Dieu avait permis que je vive cette épreuve, c’est que c’était bon pour moi. À mon tour, en réponse à la louange de ce Dieu qui me recrée chaque matin et qui me prête vie chaque jour, j’ai pris l’habitude de rendre grâces en lui adressant cette prière toute simple : « Mon Dieu, tu es bon ! » – God is Good … All the time ! –
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La citation
«La louange est basée sur l’acceptation totale et joyeuse du Présent, elle n’est pas fondée sur ce que nous pensons ou espérons voir arriver dans l’avenir. C’est cela la règle pratique de la louange : nous louons Dieu non en raison de ce que nous espérons voir survenir en nous ou autour de nous, mais pour ce qu’il est, au point où nous en sommes. » (Merlin Carothers)
Pour aller plus loin…Lectures
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Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
(publication éditée par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes – ©droits réservés).