Interview de Paul Dollié : « Vivre nos relations dans la paix »

Et si le grand défi missionnaire de l’Église était la fraternité ? Et si nos paroles, nos conflits, pouvaient à notre insu dévoiler notre cœur ?  Et si de saines relations familiales ou sociales passaient par un humble apprentissage, un savoir-faire ?
Ce livre de Paul Dollié paru aux Edition des Béatitudes énonce une certitude : la mission commence par nous-mêmes. Nos comportements peuvent barrer l’accès à l’Évangile (Mt 24, 13) si notre vie fraternelle ne correspond pas au message que nous annonçons.

L’auteur à bien voulu répondre à nos questions

 

1. Dans un monde où l’on court à l’efficacité, nos relations deviennent /risquent de devenir utilisatrices, consuméristes, est-ce là vraiment le défi missionnaire numéro 1 ?

En effet nous faisons inconsciemment de mauvais calculs. Nous cherchons rapidement des fruits (une aide, une solution à un problème, la paix du cœur, le plaisir d’être ensemble, des conversions autour nous…) alors nous utilisons l’autre comme un moyen, nous négligeons le soin de l’autre et cela sans nous en rendre compte ; le livre montrera plusieurs exemples de rapports utilitaristes. Plus nous travaillons sur la gratuité dans la relation à l’autre, la pureté dans nos intentions, plus la relation a des chances de durer. Ainsi quand l’autre est écouté dans ses besoins avec attention, nous sommes gagnants à long terme. C’est en cela que le travail pour une juste relation à l’autre est le défi missionnaire numéro 1. Je suis heureux que providentiellement ce livre inaugure la collection  « outils missionnaires » il montre que le fondement de la mission est dans la communion entre nous, c’est-à-dire dans la recherche de la vérité entre nous et les uns envers les autres.

2. Vivre de saines relations dans nos paroisses et communautés, l’avez-vous déjà vraiment vu ? Concrètement, comment pouvons-nous laisser le Christ agir dans nos relations ?

Je peux dire que je l’ai heureusement vu…mais pour être honnête, ce sont plutôt les difficultés relationnelles que j’ai observées qui m’ont mis en alerte pour écrire ce livre. Avoir de saines relations dépend de trois facteurs. 1) la manière dont nous sommes bâtis. Un être blessé souffre et malgré lui fait souffrir. Nous verrons dans le livre comment se cache la blessure 2) une connaissance des outils de la relation. Aimer s’apprend, écouter aussi…une saine relation n’est pas que de l’ordre de l’inné mais de l’acquis. 3) une charité donnée par le Christ lui-même, favorise un bon fonctionnement communautaire. C’est mon absence d’égoïsme, ou d’orgueil et une profonde recherche de la vérité qui permet de rendre les relations paisibles ; c’est le Christ qui au fond favorise ce déplacement de l’autre pour moi à moi pour l’autre.

3. Vous vous appuyez sur la lettre de Jacques, après 2000 ans rien n’a donc changé ? Quels sont les trois conseils que vous nous donneriez et qui sont, selon vous, les clés pour nous aimer les uns les autres en acte et en vérité, pour vivre nos relations dans la paix ?

Le texte de Jacques que je lis en partie est extrêmement concret sur la relation à l’autre. De mon point de vue, c’est le texte le plus puissant du nouveau testament sur la relation fraternelle et le plus méconnu. Après 2000 ans il n’a pas perdu une ride car les maladies, le péché touchant nos relations reste le même. Le démon n’est pas très inventif….à l’inverse de l’amour qui se renouvelle sans cesse, reste très imaginatif…Si j’avais trois clefs à donner pour des relations dans la paix je prendrais trois clefs autour de la parole. La paix vient de la parole. S’exprimer c’est partager son univers à l’autre. Je suis impressionné par le nombre de disputes qui naissent d’une parole absente : « on pensait que l’autre pensait que… » bref ne soyons pas avares de mots, faisons des économies partout, sauf dans la parole. Ainsi quelles sont les paroles que je n’ai pas données et qui auraient pu diffuser la paix ? telle est la première clef. D’où vient cette peur de déranger par nos mots, alors qu’ils pourraient guérir les maux de l’autre. La seconde clef est d’envisager le conflit comme une opportunité pour grandir et non comme un obstacle à la croissance. Et si être en conflit n’était plus un souci ? Et si celui-ci était le signe d’une nouvelle route qui s’ouvre à ceux qui se disputent et non un mur qui se dresse pour toujours ? La troisième clef est la demande régulière de « feed-back », de retour sur ce que l’on fait ou ce que l’on dit, pour que l’autre puisse avec bonté me dire « mes fausses routes », mes angles-morts, sans me blesser puisque j’en fais la demande. Combien de difficultés dans l’Eglise, dans les familles, seraient évitées si humblement nous apprenions à demander « un retour » sur notre agir ?

 

À PROPOS DE L’AUTEUR

Paul Dollié, né en 1973, est membre de la communauté de l’Emmanuel et prêtre du diocèse de Paris. Curé de la paroisse Saint-Laurent, il est aussi prédicateur de retraites. Son travail, qu’on peut découvrir à travers des parcours de transformation spirituelle, cherche à équilibrer le commentaire de l’Écriture sainte, les sciences humaines et les points concrets de conversion.

 

 

VIVRE NOS RELATIONS DANS LA PAIX 
De Paul Dollié

30 JUIN 2022
152 pages
11,00€
132 gr

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Sr Marie Costermans

Sr Marie de la Visitation est originaire de Belgique. Elle est entrée à la Communauté en 1991. Après avoir passé ses huit dernières années dans notre maison de Denver (Colorado, Etats-Unis), elle vient de prendre la direction éditoriale des Editions des Béatitudes à Nouan-le-Fuzelier (41).

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