En cette année Laudato Si, voulue par le pape François, cinq ans après la parution de son encyclique sur l’écologie intégrale, les couples peuvent eux-aussi s’interroger sur leur rapport à l’environnement : comment vivre concrètement les exigences de la « sauvegarde de la maison commune » qu’est notre couple, sachant que notre conjoint est le premier « environnement » à sauvegarder ?
Cet article du Père Michel Martin-Prével, cb, est paru le 22 septembre sur Aleteia.
Parce que « tout est lié », la Création renvoie aux créatures et en premier à celle avec qui j’ai lié ma vie biologique, humaine et spirituelle dans le mariage. Un ADN conjugal nous habite depuis la création du premier couple, nous poussant à nous donner l’un à l’autre, même si le péché originel a rendu l’aventure plus ardue.
Sommes-nous des pollueurs du mariage ?
En quoi nous comportons-nous parfois en « pollueurs » du mariage en négligeant ses lois naturelles propres : respect, soutien réciproque, tendresse et sexualité respectueuse de l’autre, fidélité pour le bien des époux et des enfants. Les signes que nous polluons notre mariage et que nous n’usons pas de la nature comme Dieu le veut, sont l’abandon de la vie spirituelle au profit d’un intérêt purement personnel et les conflits conjugaux par ambition ou par égoïsme.
Ce trésor naturel confié par Dieu à l’homme et à la femme requiert une grande attention pour un équilibre écologique difficile à préserver mais source de beaucoup de bonheur. « Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et multipliez-vous. » (Gn 1, 28). La préservation de ce don de la nature qu’est le mariage se révèle dans le concept de « développement durable », car enfin le mariage est une dynamique, un chantier à construire en respectant ses lois propres et en plaçant l’amour sur une trajectoire de croissance et de croissance durable car il s’appuie d’abord sur une fidélité à toute épreuve. On est loin de la décroissance de certains écologistes.
Pour un changement de climat
C’est tout un changement climatique que nous pouvons décider de vivre : le réchauffement du climat ne doit pas être celui des passions, telle la colère qui enflamme les cœurs, mais celui du zèle à servir l’autre, car aimer est toujours un réchauffement bénéfique même s’il se fait progressivement.
Quant au carbone de l’égoïsme (polluant fondamental du mariage), il s’agit de se décarboner pour rendre l’amour conjugal de plus en plus pur, en respectant la biodiversité, première diversité des espèces homme et femme, différentes mais à respecter ensemble, au service l’une de l’autre. Avec notre conjoint, faisons « l’intime relation entre pauvreté et fragilité de la planète » (Laudato Si, 16), en ne suivant pas « la technique de possession et de domination, de manipulation de l’autre » (Laudato Si, 106) Respectons la biodiversité des espèces adultes et enfants dans la famille, chacune ayant sa part dans la dignité humaine, dans l’humilité et l’émerveillement.
Il reste à sortir de la domination des contraceptifs chimiques qui envahissent le corps de la femme pour entamer une saine régulation des naissances selon les rythmes naturels de son cycle et renoncer à l’avortement, premier péché contre la création : il faut sauver les petits d’homme et pas seulement les bébés phoques !
L’urgence écologique est aussi à dénoncer la manipulation du patrimoine génétique de l’embryon, pourtant votée fin juillet par les députés écolos !
Enfin accéder à cette « sobriété heureuse », décrite dans Laudato Si, et vécue pendant le temps du confinement, qui consiste à vivre plus simplement dans son alimentation, l’usage des écrans, la diminution de l’Avoir au profit de l’Etre, le rapport au créé et à la Nature.
Résolutions pour une charte conjugale écologique
Pourquoi ne pas se faire une nouvelle charte conjugale pour appliquer l’écologie intégrale chère au pape François en programmant :
- une « décroissance » du matériel au profit du spirituel, une réorientation des activités trop consommatrices de temps et d’argent et un développement des dialogues intrafamiliaux, des « bénédicités sur les créatures » aux repas.
- une réduction des consommations toxiques : alimentation trop riche, objets inutiles et artificiels, écrans chronophages dans les temps où ils nuisent aux relations conjugales.
- une éducation écologique des enfants, pas seulement au tri sélectif et au respect des animaux, mais parce que « l’environnement se situe dans la logique de la réception (comme l’amour). C’est un prêt que chaque génération reçoit et doit transmettre à la génération suivante.» (Laudato Si, 159)
- un combat pour la défense de la vie, de la foi et de la culture écologique intégrale, car « tout est lié » !