Vie d’Oraison : À l’école de saint Joseph (n°55)

Joseph a admirablement rempli sa triple mission d’époux de la Vierge, de père adoptif du Fils de Dieu et de berger de sa Famille. Y a-t-il paternité humaine plus grande que la sienne ? Il nous est donné comme une icône du Père éternel. Entre le Père et lui s’est tissée une complicité particulière, celle de la paternité. Jésus lui a donné le même nom araméen, « Abba », par lequel Il appelait son Père au plus fort de son agonie (cf. Mc 13, 36). Jean-Jacques Olier l’a souligné d’une manière saisissante : « Jésus regardait en Joseph le Père éternel comme son Père. La Très Sainte Vierge considérait en sa personne le même Père éternel comme son époux. »  N’existe-t-il pas, entre le Père et Joseph, un même mystère de communion qu’entre l’Esprit de Dieu et Marie, car il est écrit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre » (Lc 1, 35). Joseph ne serait-il pas en quelque sorte l’ombre de la puissance du Père pour Marie et son Fils ?

L’homme de la nuit

Bossuet écrivait aussi que « Jésus est enfanté en Marie pour qu’elle nous Le donne » ; Il est offert « à saint Joseph pour […] Le cacher. » Donneret cacher : deux missions distinctes et complémentaires. Parce qu’elle nous donne son Fils, la Mère de Dieu est exposée aux yeux de tous. Parce qu’il cache l’Enfant et sa mère, Joseph demeure dans l’ombre. Il cache autant qu’il est caché. Appelé « terreur des démons », il est le spécialiste de la lutte dans les ténèbres : il les a tous déjoués en voilant la virginité de Marie et en cachant la divinité de Jésus. Pendant trente ans, il a protégé son Fils d’un monde hostile qui, en moins de trois ans, s’opposera à Lui et Le mettra en croix. Ainsi, rester avec Joseph, c’est s’assurer d’une protection tendre, forte et sécurisante contre tous nos ennemis.

 

Le Saint Nom de Jésus

« Tu Lui donneras le nom de Yèshoua » (Mt 1, 21). Le silence de Joseph, d’après l’Évangile, est habité du seul nom béni entre tous par lequel grandit sa paternité : le Nom du Fils de Dieu, le seul « qui puisse nous sauver » (Ac 4, 12).

Avec Marie, Joseph le reçoit par la voix de l’ange. Il l’a certainement gardé sur ses lèvres et dans son cœur, comme son épouse. La réception du Nom a été pour lui une expérience fortifiante, une véritable résurrection. En effet, le grec egeïreïn, « s’éveiller, se lever », choisi par Matthieu (cf. Mt 1, 24), est celui qu’il privilégie pour la Résurrection de Jésus. Ainsi, l’invocation du Nom, lente, amoureuse, continuelle, nous rapproche de la Sainte Famille et du Père. Elle nous fortifie, nous établit dans un silence attentif, disponibles à l’Esprit. En Yèshoua « se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col 2, 2-3).

 

Courage et confiance

Joseph a reçu force et courage pour affronter sa peur de ne pas être à la hauteur d’une telle mission. En effet, comment être père d’un tel Fils, époux d’une telle Mère, lui, un pauvre d’Israël ? Il se sait indigne mais il veut croire à la parole entendue. Il offre à Dieu toute sa confiance. Il décide de combattre avec Lui, main dans la Main ; il traverse ses craintes et trouve la paix du cœur. Courage viril et confiance en Dieu, indispensables à la vie spirituelle, sont deux vertus à demander à saint Joseph. Ne s’est-il pas ajusté au bon vouloir divin, quitte à renoncer à ses projets ?

 

« L’augmentant »

Le mot « Yôsèph » signifie une action au futur : littéralement, « qui est en train d’augmenter ». On le traduit plus commodément en français par son participe présent. Joseph serait « l’augmentant ».

Il s’est sanctifié d’une manière inégalée entre Marie et Jésus. Et, à son tour, Jésus a grandi entre ses mains. mains (cf. Lc 2, 52). Il a atteint la stature de l’homme parfait. Joseph est celui en qui le Père se cache pour accueillir son Enfant, L’entourer de tendresse, Le protéger et L’aider à grandir de toutes les manières. À douze ans, Jésus comprend qu’être avec son Père, c’est précisément être avec Joseph. « Trouverons-nous un homme comme celui-ci, qui a l’esprit de Dieu en Lui ? » (Gn 41, 37)

Puisque Joseph, l’Ombre du Père, est la condition de l’engendrement et de la croissance de Jésus, il est aussi la condition de notre croissance spirituelle. Vivre près de lui, avec Marie, c’est apprendre progressivement qui est le Père et, par le même mouvement, lutter contre le mal, contre tout ce qui nous sépare de Lui, ce qui empêche de voir le Père, ce qui déforme ou même pervertit son image.

 

En retranchant

D’après la Bible, le prénom Yôséph est le participe présent du verbe « retrancher ». Il serait ainsi celui qui retranche, c’est-à-dire celui qui sépare, qui met à part. Il est, en quelque sorte, le maître de la séparation et du deuil. Il a une promptitude à obéir, à tout quitter. Pourtant, ce n’est pas facile ! Joseph provoque la prise de distance avec l’esprit du monde et tout ce qui s’oppose à Dieu.  C’est dans ce sens que l’Église a choisi de le désigner comme « Patron de la bonne mort ». Il nous apprend à mourir à la vanité, à renoncer à notre amour-propre, pour choisir la volonté d’autrui. Il cache et il est caché.

Maître en oraison

« On ne vient pas au saint recueillement en acceptant, mais en écartant », écrit Jean de la Croix. C’est la spécificité de Joseph, le silencieux. Pour se tenir en présence de Dieu, il n’est pas nécessaire d’ajouter des pensées, mais d’en retirer, en discernant. Joseph nous apprend à éliminer et à retrancher ce qui est inutile. « Que celui qui n’a pas de maître pour lui enseigner l’oraison prenne ce glorieux saint pour guide, et il ne risquera point de s’égarer » , assurait Thérèse d’Avila. Joseph est le maître de la vigilance, de l’instant présent, de la lutte contre les ténèbres. Il a été mystérieusement établi par Dieu pour être, envers Marie et Jésus Lui-même, un passage vers le Père. Pourquoi en serait-il autrement pour nous ?

La citation

« Dans sa seule personne, saint Joseph exprimait les perfections adorables de Dieu le Père. Il faut une multitude de saints pour représenter Jésus-Christ et le seul saint Joseph représente le Père éternel. »

Monsieur Olier

 

 

Pour aller plus loin…

Rien que pour aujourd’hui :

  • Choisis une belle icône de Joseph (ou une statue que tu aimes) et contemple-la. Approche-toi de lui par la pensée, prie-le. Sa force paternelle te protège.

  • Demande-lui l’autorisation de poser ta tête contre son épaule ou de demeurer un instant tout près de lui, dans ses bras. Écoute bien ce que tu vis alors. Le cœur reste habituellement en paix mais il se peut qu’une telle prière pénètre les méandres de notre expérience filiale et réveille souvenirs et émotions contraignantes. Demande-lui de pacifier ton cœur et prends-le comme père adoptif.

Livres :

  • Joseph, ombre du Père, André Doze, EdB.

  • Joseph, gardien du Shabbat, André Doze, EdB.

  • Joseph, l’éloquence d’un taciturne : Enquête sur l’époux de Marie à la lumière de l’Ancien Testament, Philippe Lefebvre, Ed. Salvator.

  • Mystère de la paternité de saint Joseph, Daniel-Joseph Lallement, Ed. Téqui.

  • Vie et sainteté du juste Joseph, Daniel-Joseph Lallement, Ed. Téqui.

 

Retrouvez les articles précédents de notre série « Vie d’oraison ».
(publication éditée par des frères et sœurs de la Communauté des Béatitudes – ©droits réservés).

Oraison

Ces articles sur la vie d'oraison sont extraits du bulletin mensuel "Il est là !" publié à l'usage des membres de la Communauté des Béatitudes et de leurs amis. Il est rédigé par un collectif de laïcs, prêtres, frères et sœurs consacrés, membres de la Communauté, avec le désir de stimuler la vie de prière, essentielle à la vocation aux Béatitudes comme à toute vie chrétienne authentique... C'est pourquoi nous sommes heureux de vous partager ces contenus simples.

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